La mégalomanie européenne va-t-elle encore frapper le quartier Léopold ?

La mégalomanie européenne va-t-elle encore frapper le quartier Léopold ?

L’ancien Institut dentaire George Eastman, réalisé par Michel Polak, dans le parc Léopold, est la cible d’un programme muséal démesuré : ce programme de la Maison de l’histoire européenne doit être considérablement réduit.

Comme l’ancien immeuble à appartement des années 1930, le « Résidence Palace », le bâtiment Eastman appartenait aux pouvoirs publics belges (à l’Etat pour le Résidence Palace). Un million de dollars avait été mis à disposition de la Ville de Bruxelles par George Eastman pour la construction de l’Institut. Mais, dans ce quartier, la Ville s’est dessaisie de son patrimoine au bénéfice des Européens. Notons qu’à Londres, Paris[1], Rome, New York et Stockholm les instituts dentaires accueillent toujours des enfants pour leurs soins dentaires! A Bruxelles, dans les années 1980, l’établissement est reconverti en bureaux pour les institutions européennes. Le Parlement européen a loué l’Institut Eastman à la Ville en 2008 (bail emphytéotique de 99 ans). Il y avait installé une crèche destinée aux enfants de son personnel ainsi que divers locaux administratifs (bureau du Médiateur européen de la Cour des Comptes).

Le 13 février 2007, le Président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, lance dans son discours d’investiture l’idée de créer une  « Maison de l’histoire européenne », – expression calquée sur celle du « Musée de l’histoire allemande »  et qui s’est depuis imposée.

Le 15 décembre 2008, une décision du Bureau du Parlement européen développe les premiers « fondements conceptuels et muséographiques». L’objectif d’achever le projet d’ici à 2014 est déjà annoncé, les travaux étant prévus début 2012.

Un concours d’architecture a été lancé en 2010 mais le programme muséal, à la base de ce concours, a été discuté sans transparence. Si le projet d’une Maison de l’histoire européenne a fait l’objet de débats tant au sujet de la légitimité scientifique d’un tel musée que sur la question des aspects budgétaires, le patrimoine bruxellois choisi pour installer ce musée n’a absolument pas été mis en exergue. En conséquence, pour ce qui est malheureusement déjà considéré par certains comme le  « Musée du plus petit dénominateur commun » (Frank Furedi, professeur de sociologie à l’université de Kent), a été élaboré un programme muséal complètement démesuré et inadapté au bâtiment

Plan de l’analyse :

  • Description du projet lauréat

  • L’équilibre architectural et visuel ébranlé : intérêt patrimonial du bâtiment Eastman

  • Homogénéité, équilibre, sobriété : trois caractéristiques clés à sauvegarder

 


[1] Le centre de santé dentaire à Paris a été créé grâce à la donation de George Eastman également. Il accueille toujours les enfants jusqu’à 18 ans et pratique le tiers payant et la Couverture Maladie Universelle.