Créer des parkings de dissuasion à Bruxelles, une fausse bonne idée

Créer des parkings de dissuasion à Bruxelles, une fausse bonne idée

La Région serait prête à dépenser près de 600 millions d’euro pour encourager l’exode urbain

Le projet de Plan Régional de Développement Durable (PRDD) propose la création de 25.000 places de parking Park & Ride (P+R) sur le territoire de la Région. Ces parkings, mieux connus en Belgique sous le terme de « parkings de dissuasion », même s’ils n’ont rien de dissuasif, ont pour objectif de faciliter « le passage de la voiture vers les transports publics, évitant ainsi le flot de voitures en ville. » Le principe est simple, et a priori louable : l’automobiliste, au lieu d’effectuer l’entièreté de son trajet en voiture, gare celle-ci dans un P+R pour continuer son parcours en transports en commun.

En théorie, ces 25.000 places de P+R, qui se situeraient à différentes entrées de la Région, devraient contribuer à limiter la pénétration automobile en incitant jusqu’à 25.000 automobilistes à quitter leurs véhicules pour poursuivre leurs trajets en transports en commun vers des destinations plus centrales. En pratique, les P+R n’ont pas toujours l’efficacité escomptée et ont même des effets pervers qui incitent à l’usage accru de la voiture : tout le contraire des objectifs recherchés. En outre, ils sont gourmands en espace (alors que le foncier est rare à Bruxelles) et chers à construire et à entretenir.

La Région a pour objectif de diminuer de 20% la pression routière entrante et sortante. Malheureusement, les moyens qu’elle propose pour l’atteindre ne sont pas les bons, tant en termes d’efficacité que de coûts. Aux quelques 375 à 625 millions que coûterait la seule création de ces nouveaux emplacements de P+R, il faudrait encore ajouter plusieurs centaines de millions (et dizaines d’années) pour les desservir en transports en commun !

Malgré les intentions apparemment vertueuses, le développement de P+R ne remettrait pas en cause le système actuel, au service des intérêts de la navette et aux dépens de la qualité de vie. Si la Région veut réellement voir la pression de la navette automobile et ses nuisances diminuer, elle dispose, dans ses compétences propres, de solutions plus efficaces et moins chères telles qu’une politique de stationnement plus dissuasive (diminution du nombre d’emplacements, tarification plus élevée) et/ou un péage urbain qui pourrait lui rapporter 325 millions par an…