Avec la disparition de Guido, c’est un peu de la mémoire populaire et travailleuse de Bruxelles qui perd un de ses plus précieux porteurs et protecteurs. C’est le souvenir qui s’éloigne de ceux, innombrables, qui à force de courage, d’abnégation, d’invention, de persévérance, de souffrance, de savoir et de savoir-faire forgèrent la richesse de Bruxelles et que Guido n’a cessé durant toute sa vie de mettre en lumière.
En veillant à préserver et à mettre en valeur le patrimoine immense de la ville au travail, de ses artisans, de ses entrepreneurs, de ses ouvriers, de la multitude anonyme de ses prolétaires, Guido a sorti de l’ombre, de l’oubli et souvent de la casse, les témoignages remarquables de ce qui fit la richesse de la ville. Du bronze, du fer, de la fonte, de l’acier, des pierres, des pavés, et aussi des hommes, des métiers et des luttes sociales.
Cet inlassable travail d’enrichissement de notre mémoire collective nous a aidé à apprécier les qualités et l’ingéniosité exceptionnelles de ceux qui n’eurent de cesse de la bâtir toujours plus belle et qui, ce faisant en assurèrent la prospérité. Avec la disparition de Guido c’est un gardien de notre histoire technique et sociale qui s’en va. La ville et la région s’honoreraient en lui dédiant une place mémorable sur le site emblématique de son infatigable entêtement à sauver les témoins de notre histoire, face aux appétits indécents de la finance : Place Guido Vanderhulst à Tour & Taxis, pour que nul n’oublie le courage opiniâtre de celui qui a définitivement ancré ce lieu au cœur des habitants. Une petite dernière revendication, c’est bien normal.