Parking de transit à la station de métro Crainhem : un projet nuisible à Bruxelles

Parking de transit à la station de métro Crainhem : un projet nuisible à Bruxelles

Inefficaces en terme de mobilité, chers, nuisibles pour l’environnement, les projets de parkings de transit (P+R) de la Région doivent être abandonnés d’urgence ! L’ARAU plaide pour une alternative combinant un équipement collectif, un parking vélo et une gare de bus qui répondent bien mieux aux intérêts des Bruxellois.

Le principe d’un P+R est simple, et a priori louable : l’automobiliste, au lieu d’effectuer l’entièreté de son trajet en voiture, gare celle-ci dans un parking pour continuer son parcours en transports en commun. Mais, en pratique, les P+R n’ont pas toujours l’efficacité escomptée et ont même des effets pervers contraires aux objectifs recherchés. En outre, ils sont gourmands en espace (alors que le foncier est rare à Bruxelles) et chers à construire et à entretenir.

Synonymes de dépenses publiques pour une infrastructure automobile favorisant l’usage de la voiture et l’étalement urbain, ce sont des projets contraires aux objectifs de la Région : nuisibles à l’environnement et nuisibles à la ville. Le projet de P+R Crainhem n’échappe pas à cette règle.

Le projet de P+R Crainhem ne résiste pas à l’analyse, il est en effet :

  • Inefficace au point de vue de la mobilité
    Le P+R Crainhem est situé en aval des zones de congestion : quel intérêt pour un automobiliste, qui a déjà passé « le plus dur » de son trajet, à laisser sa voiture dans le P+R alors qu’il n’y gagnera pas d’argent ni de temps par rapport à un trajet 100 % voiture ?
  • Cher à payer pour les Bruxellois
    Les tarifs pratiqués dans les P+R sont bas afin d’être « attractifs » pour les navetteurs. Conséquence : ce sont les Bruxellois qui devraient payer pour tenter de dissuader une poignée de navetteurs de ne pas parcourir quelques kilomètres en voiture en ville.
  • Environnementalement négatif
    Les conclusions d’une étude de l’Université d’Anvers et la VUB montrent que les P+R situés en « bordure » de ville peuvent conduire à une augmentation du nombre de kilomètres parcourus en voiture, et donc à une augmentation des émissions de CO2. A ces émissions supplémentaires liées au trafic accru, il faut encore ajouter celles engendrées par le bâtiment de parking, aussi bien pour sa construction (production, acheminement et mise en œuvre des matériaux) que pour son exploitation et son entretien. Pire encore, le projet ne prévoit aucune possibilité de reconversion du bâtiment ! Cela signifie que lorsque le P+R sera obsolète (pour rappel, il l’est déjà !), il faudra tout démolir et tout reconstruire pour pouvoir accueillir d’autres fonctions : un gaspillage inadmissible.

Les raisons d’abandonner ce projet ne manquent pas. Au lieu de construire un parking, pourquoi ne pas profiter de ce site très bien desservi par les transports en commun pour y développer des équipements collectifs qui manquent dans le quartier ? L’intérêt des Bruxellois réside bien plus dans la création d’une résidence pour personnes âgées et/ou d’un centre d’aide sociale que dans celle d’un parking au service de la navette automobile.

 

Stop aux dépenses publiques dans la mobilité automobile : la Région doit investir pour ses habitants !

Le changement de modèle de mobilité prôné par la Région doit se concrétiser non seulement par le développement de projets en faveur des piétons, des cyclistes et des usagers des transports en commun mais aussi par des mesures visant à décourager l’usage de la voiture. Dépenser des dizaines de millions dans des P+R au mieux inefficaces, au pire contre-productifs, va dans la direction opposée. En attendant une politique plus courageuse qui consisterait à faire la voiture en ville une exception grâce à de mesures « contraignantes » (suppression des infrastructures autoroutières, instauration d’un péage, gestion plus « stricte » du stationnement), cesser tout investissement public dans la mobilité automobile individuelle sera déjà un premier pas… qui ne coûte rien !