Projet Neo : le retour d’un urbanisme sur dalle en complet déni de réalité

Projet Neo : le retour d’un urbanisme sur dalle en complet déni de réalité

Le cahier des charges de l’étude d’incidences de la première phase du projet, avec son méga centre commercial de 72.000 m², est soumis à l’avis de la commission de concertation

Le projet Neo, initié par la Ville de Bruxelles, a pour objet le réaménagement du site du Heysel, dont elle est propriétaire, afin de « renforcer le rayonnement international du site et créer un lieu de rencontre pour les Bruxellois, les Belges, les Européens et le reste du monde ». Il s’inscrit dans les ambitions du Plan de Développement International de la Région de Bruxelles-Capitale (PDI). Le PDI est un programme (et non un plan, comme son nom pourrait le laisser croire). Il a été élaboré, in tempore, avec la seule collaboration des promoteurs intéressés.

Cette analyse, après un bref descriptif du projet, se penchera sur 5 questions principales permettant de formuler les demandes concrètes de l’ARAU sur le contenu du cahier des charges de l’étude d’incidences :

  1. Le non-respect de la hiérarchie et de la chronologie de la planification, faisant de celle-ci un instrument de légitimation plus que de programmation ;
  2. La non-pertinence d’un méga centre commercial de 72.000 m² dans un contexte de saturation et de suroffre de surfaces commerciales ;
  3. L’« appel d’air » pour le trafic automobile, principalement généré par le centre commercial ;
  4. L’inadéquation de l’offre de logement en regard de la demande de logements abordables et plus particulièrement sociaux ;
  5. La forme peu urbaine prise par le projet : urbanisme sur dalle, architecture sur socle, rue et ville intérieures souterraines, « bouquets » de tours.

Le programme du projet Neo est en total décalage avec la réalité, qu’elle soit environnementale, sociale ou économique :

  • envisager de créer un gigantesque « appel d’air » pour le trafic automobile alors que la pollution de l’air cause plus de 12.000 décès par an en Belgique est totalement irresponsable, pour ne pas dire plus ;
  • envisager la possibilité de ne produire aucun logement social sur des terrains publics alors que la crise du logement appelle à des mesures d’urgences est un mépris pour la population ;
  • envisager de créer un méga centre commercial de 72.000 m² dans un contexte de saturation et de suroffre défie tout bon sens ;
  • imaginer le tout sous la forme d’un urbanisme sur dalle est une réflexion obsoloète.

Non content de ne pas répondre aux besoins des Bruxellois par les nouveaux développements projetés, le projet Neo menace également de disparition une série d’équipements culturels, sportifs et de loisirs : le sort de Mini Europe est incertain tandis qu’Océade semble bel et bien condamnée, malgré un probable sursis de 2 ans. Ces équipements rencontrent pourtant le succès auprès des Bruxellois et des touristes. Pourquoi faire table rase (en abattant, au passage, 749 arbres) de l’existant au lieu de s’appuyer sur son succès ?

L’aveuglement des pouvoirs publics dans ce dossier est inquiétant…

Afin que le projet Neo puisse s’inscrire dans une perspective de développement durable de la ville, l’ARAU demande :

  • le respect de la hiérarchie et de la chronologie des plans : les demandes de certificats ou de permis ne peuvent être introduites tant que les instruments de planification adéquats (PRAS et PPAS) ne seront pas adoptés après avoir fait l’objet d’une procédure d’élaboration démocratique ;
  • l’abandon du projet de centre commercial qui ne répond à aucune demande et qui créerait un gigantesque « appel d’air » pour le trafic automobile ;
  • la réduction drastique, par conséquent, du nombre d’emplacements de parking prévus sur le site ;
  • la création de 100% de logements sociaux afin de participer à la résorption du déficit régional en la matière ;
  • le maintien des équipements culturels, sportifs et de loisir existants ;
  • le développement de ces fonctions selon une forme urbaine compatible avec le tissu existant (en supprimant le centre commercial, les logements peuvent s’intégrer sous une forme plus urbaine).