« Il faut bétonner la place des Palais »

« Il faut bétonner la place des Palais »

C’est du moins ce qu’il faudrait faire si on suit la « logique » du projet de réaménagement de l’avenue du Port

En 2008, Bruxelles Mobilité demandait un premier permis pour le réaménagement de l’avenue du Port. Ce projet fonctionnaliste (séparation stricte des modes, asphaltage, abattage des 300 platanes) était rejeté par les Bruxellois au terme de nombreuses péripéties. En 2013, une deuxième demande de permis était introduite et recalée, cette fois par la commission de concertation.

Bruxelles Mobilité persévère avec un troisième projet qui vise, à nouveau, à faire disparaître le patrimoine pavé de l’avenue du Port. Le projet de réaménagement sera soumis à l’avis de la commission de concertation ce mercredi 30 novembre : s’il se veut plus urbain, moins « routier » que les projets précédents, il n’en reste pas moins soumis à un fonctionnalisme qui n’entend pas s’embarrasser d’un patrimoine pourtant jugé « remarquable » dans le rapport d’incidences qui accompagne la demande de permis.

En 2014, le projet de réaménagement de l’avenue du Port avait été recalé par la commission de concertation : la Ville de Bruxelles et Bruxelles Environnement avaient émis un avis défavorable tandis que Citydev, la Direction Urbanisme de Bruxelles Développement Urbain et la Direction des Monuments et Sites s’étaient abstenus (cette dernière rappelant au passage l’avis très défavorable de la CRMS).

La demande de permis aujourd’hui introduite par Bruxelles Mobilité concerne un projet se voulant plus « urbain », moins « routier ». Il conserve malgré tout le défaut majeur d’opposer, sans arguments valides, le patrimoine pavé, reconnu comme remarquable, et l’amélioration des qualités de séjour et de la circulation pour les piétons, cyclistes et transports en commun. Dans ces conditions, la commission de concertation, si elle veut rester cohérente avec sa position de 2014, ne peut que rendre un avis défavorable.

Bruxelles Mobilité doit donc revoir sa copie et proposer un projet de réaménagement de l’avenue du Port « pour le 21e siècle ». Les pavés de l’avenue du Port ne sont pas un obstacle à la réalisation de cet objectif. Ils sont au contraire une ressource précieuse à valoriser : leur richesse n’est pas seulement historique mais aussi environnementale, écologique et paysagère. Un développement durable de la ville se doit d’exploiter ce capital.

L’ARAU demande qu’un nouveau projet, avec maintien des pavés, soit élaboré sur des bases objectives et avec à l’esprit une philosophie urbaine s’appuyant sur ce patrimoine unique. Les quartiers populaires méritent mieux que du béton lavé et des dalles de béton 20 x 20…