L’ARAU demande le maintien du logement dans les immeubles rue de Pascale 43 et 49

L’ARAU demande le maintien du logement dans les immeubles rue de Pascale 43 et 49

La commission de concertation doit rendre un avis défavorable à la demande de permis, introduite par la représentation du Tyrol, visant à changer l’affectation de ces immeubles de logements à « équipements d’intérêt collectif » (soit, en réalité, des bureaux).

L’ARAU demande à la commission de concertation de rendre un avis négatif sur la demande de changement d’affectation des maisons n°43 et 49 rue de Pascale : l’affectation au logement doit y être solidement maintenue. Concrètement, ce sont huit logements qui sont appelés à disparaître pour être remplacés par des locaux d’« équipements d’intérêt collectif ». Des travaux structurels sont en outre envisagés pour faire communiquer ces deux bâtiments avec les n°45 et 47 de la rue de Pascale, déjà affectés en équipement d’intérêt collectif.

Si les missions diplomatiques sont effectivement considérées comme des équipements d’intérêt collectif, il n’en demeure pas moins que ce changement d’affectation signifierait bien, en réalité, l’augmentation de la surface de bureaux.

Source : http://openpermits.brussels/fr/_04/PFD/1731284

Ces 8 logements qui disparaîtraient au profit de surfaces de bureaux participeraient ainsi à une augmentation du caractère monofonctionnel du quartier. Les documents relatifs au projet vantent le maintien de deux appartements d’une chambre chacun, ce qui donne l’occasion au demandeur d’affirmer que « la continuité du logement est assurée » et que cela permet « une certaine mixité ». Quel cynisme !

La perte de cette affectation de logement est d’autant plus condamnable que le site est repris dans le PPAS Belliard-Etterbeek de la Ville de Bruxelles, au sein d’une zone d’habitation prioritaire renforcée : selon le PPAS, les équipements d’intérêt collectifs y sont autorisés, à condition que la superficie-plancher ne dépasse pas, par immeuble, 250m². Mais, selon le rapport d’incidences :

 

Entité 43-45-47 : les superficies d’équipements d’intérêt collectif passent de 761,38 m² (déjà autorisées) à 1324,90 m², soit une augmentation de 563,22 m². Les superficies de plancher concernées dépassent les 250m².

Source : http://openpermits.brussels/fr/_04/PFD/1731284

Le projet serait ainsi totalement dérogatoire au PPAS et à l’idée même d’une zone d’habitation prioritaire renforcée. D’autant plus que la rue de Pascale est l’un des derniers endroits, dans le Quartier européen, où les constructions, dans leur typologie, sont totalement compatibles avec une affectation en logement, et pour cause ! Les bâtiments concernés par l’enquête, ainsi qu’une grande partie du reste de la rue, sont bien des maisons, ce que souligne d’ailleurs le rapport d’incidences :

 

La rue de Toulouse et la rue De Pascale sont, elles, bordées de maisons typiques bruxelloises […] Le bâti est très homogène avec des maisons bruxelloises mitoyennes en pierres et/ou briques, aux couleurs claires et au gabarit R+2+combles+entresol.

Plus largement, les rues de Pascale et de Toulouse sont aussi parmi les dernières rues du quartier à « résister encore et toujours à l’envahisseur » ; elles ont jusqu’ici plutôt bien survécu aux attaques répétées que subit le Quartier Européen depuis les années 50.

 

Depuis plusieurs années, le quartier « Toulouse-De Pascale » souffre d’une pression immobilière forte résultant du développement des zones de bureaux Belliard-Loi. Celle-ci entraîne avec elle la prolifération de projets d’envergure qui grignotent peu à peu l’unique zone d’habitation à prédominance résidentielle du quartier.

En ce sens, elles sont les témoins de ce à quoi pouvait ressembler le quartier avant l’arrivée des Institutions européennes. Rien qu’à ce titre, ces deux rues, et les bâtiments qui les bordent, méritent un meilleur sort.

La rue de Pascale en juillet 2020 (source : Streetview sur Google.maps).

Certes, il s’agit ici d’un projet d’ampleur limitée, comparé aux mastodontes construits ou projetés, notamment le long de la rue de la Loi (ex. The One, Realex…). Mais il n’empêche que la prolifération de ces petits projets de transformation, moins visibles, mais peut-être plus pernicieux, participe aussi de l’augmentation du caractère monofonctionnel du quartier et nuit donc aussi à la préservation du logement dans ce périmètre. A ce titre, ces projets méritent eux aussi d’être surveillés et combattus.

L’ARAU demande à la Ville de Bruxelles et à la Région de respecter leurs engagements, en particulier la promotion et le renforcement du logement dans le quartier, régulièrement affirmée dans différents plans et déclarations politiques depuis le début des années 2000.