Le PAD Casernes ne doit pas manquer l’opportunité d’un projet socialement et environnementalement exemplaire

Le PAD Casernes ne doit pas manquer l’opportunité d’un projet socialement et environnementalement exemplaire

Avis de l’ARAU sur le projet de Plan d’Aménagement Directeur (PAD) « anciennes Casernes d’Ixelles » (Usquare)

Le présent avis tient lieu de complément d’actualisation à l’avis précédemment produit lors de la consultation relative aux projets de PAD du mois de juin 2018 

Un projet public sans logement public ?

Le programme du projet de PAD envisage l’autorisation de 20.000 m² de logements « classiques » et de 18.000 m² de logements étudiants. Ni le volet réglementaire, ni le volet stratégique, n’évoquent le « standing » de ces logements. Autrement dit, le site pourrait n’accueillir que du logement « libre » : aucun logement moyen ou social n’est programmé ni même évoqué alors qu’il s’agit de terrains appartenant à la Région… Le gouvernement doit mettre à profit le foncier dont la Région dispose pour répondre aux enjeux du droit au logement.

Le rapport sur les incidences environnementales (RIE) insiste pourtant clairement, à plusieurs reprises, sur la nécessité de prévoir des logements sociaux ou conventionnés (moyens) afin de répondre aux besoins socioéconomiques de la zone d’étude. En effet, et c’est également souligné dans le RIE, le quartier dans lequel se trouve le projet (quartier Hôpital Etterbeek-Ixelles) ne compte que 4,5 logements sociaux pour 100 ménages. À l’échelle de la commune d’Ixelles, ce chiffre est encore plus bas : 3,27%, résultat de 75 ans de politique conservatrice. On est loin de la moyenne régionale de 7,29%, qui elle-même est loin de l’objectif de 15% à l’horizon 2020, fixé par le Gouvernement sous la précédente législature (ambition notamment portée par le Secrétaire d’État au logement de l’époque, Christos Doulkeridis, actuel bourgmestre d’Ixelles).

Si le projet de PAD n’empêche en rien la création future de logements sociaux, moyens ou conventionnés, il ne la garantit pas non plus… Le projet de PAD Josaphat, qui concerne également des terrains publics, a clairement annoncé la répartition des types de logements. Ce qui est fait pour le PAD Josaphat doit être fait pour le PAD Casernes dans un quartier relativement moins mixte socialement : l’ARAU demande qu’une proportion minimale de 30% de logements sociaux soit inscrite dans les volets stratégiques ET réglementaires du PAD. Ce seuil ne doit pas s’appliquer uniquement aux logements « classiques » mais aussi aux logements étudiants.

Tout comme il n’est heureusement plus question de construire des campus mono-universitaires, il ne doit plus être question de développer des quartiers monosociaux.

0 parking pour un quartier vraiment sans voiture

Le volet stratégique du PAD prévoit jusqu’à 383 emplacements de parking sur le site. Ce nombre est déterminé en fonction des possibilités matérielles d’implantation de parkings souterrains plutôt qu’en fonction du programme urbain ou d’objectifs environnementaux. Ce sont donc des considérations en apparence purement techniques qui sont à l’œuvre…

Concernant plus précisément les parkings pour les logements, le projet de PAD propose d’utiliser le ratio de 0,77 place/logement, ce qui est moins que le projet de « nouveau » RRU qui prévoit un seuil de 0,5 place/logement dans les zones les mieux desservies en transports en commun. Le volet réglementaire ne détermine d’ailleurs aucune norme de stationnement…

Le projet de PAD Casernes se situe pourtant dans une zone extrêmement bien desservie, comme le souligne le volet stratégique : « La proximité avec la gare, les connexions avec le tram et le bus reliant d’autres pôles d’inter-modalité et d’intérêt devraient permettre aux habitants un usage minimum de la voiture. » (p. 118) Dans ce contexte, les voiries à l’intérieur du site seraient exclusivement réservées aux modes actifs. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de cette démarche en supprimant les possibilités de parking souterrain ? L’ARAU demande qu’aucun emplacement de parking pour voitures ne soit autorisé dans le PAD.

Conclusion : le PAD Casernes ne doit pas manquer l’opportunité d’un projet socialement et environnementalement exemplaire

La Région a l’opportunité de faire de ce premier PAD un projet conjuguant les piliers écologique et social du développement durable : un quartier sans voiture et socialement inclusif qui devra servir d’exemple pour le développement futur de la Région.