Projet de Maison de l’histoire européenne dans l’Institut Eastman : la Région bruxelloise entend violer ses propres normes pour complaire à un projet européen qui détruit son patrimoine !

Projet de Maison de l’histoire européenne dans l’Institut Eastman : la Région bruxelloise entend violer ses propres normes pour complaire à un projet européen qui détruit son patrimoine !

Le Parlement européen veut poursuivre le  saccage de Bruxelles. Les Bruxellois disent non.

George Eastman, inventeur de la pellicule photographique pour la firme Kodak, a légué une partie de sa fortune à une Fondation, à charge d’ouvrir 6 instituts dentaires de part le monde afin de délivrer des soins dentaires. A Bruxelles, le projet (1934-35) a été confié à l’architecte suisse Michel Polak, également auteur de la Villa Empain et du Résidence Palace. L’Institut dentaire était géré par le Centre Public d’Aide Sociale de la Ville de Bruxelles, qui l’a ensuite loué au Parlement européen. Le Parlement a signé en 2008 un bail emphythéotique de 99 ans avec la Ville de Bruxelles. Ce bâtiment est exceptionnel par ses décors, la sobriété de son architecture et l’équilibre de ses proportions.

Le Parlement a décidé, en 2007, d’implanter à Bruxelles une « Maison de l’Histoire européenne », idée favorablement accueillie par les associations.  En 2009, il a lancé un concours d’architecture.  Le projet lauréat propose pourtant de construire dans la cour intérieure du bâtiment (qui est construit en U) et de surélever le bâtiment de trois niveaux, par une excroissance « transparente »,  faisant ainsi passer sa superficie de 6.373 m² à 11.605 m²… La Ville de Bruxelles et la Région, particulièrement dociles, ont accepté le principe de cette proposition bien qu’elle contrevienne au Plan (réglementaire) Régional d’Affectation du Sol, qui classe la cour intérieure en zone d’espace vert, et au Règlement Régional d’Urbanisme pour ce qui concerne la hauteur du projet.

Les associations sont favorables à l’ouverture d’une Maison de l’Histoire européenne mais estiment que ce projet est démesuré. Le Parlement n’a pas donné suite à nos demandes répétées de rendre public le programme architectural du concours, de sorte que personne en connaît le contenu de ce projet. Les instances d’avis en matière de patrimoine n’ont été consultées que sur le projet lauréat (et non sur les 12 projets retenus).

Le projet muséal doit s’adapter au bâtiment Eastman et non l’inverse. La Région a préparé la modification du PRAS destinée à permettre le déclassement de la cour, qui empêche la délivrance du permis d’urbanisme. Cette modification doit être motivée par une cause d’utilité publique et l’absence d’incidences sur l’environnement, ce qui n’est pas le cas puisque le projet altérerait le patrimoine des citoyens européens en imposant un « projet phare », un « signal fort » dans la perspective d’un parc classé comme site.

Les associations estiment que le patrimoine européen ne peut se construire sur les ruines du patrimoine belge. Elles invitent les autorités bruxelloises au respect de leur propres législations et avis des instances compétentes, en premier lieu la Commission royale des Monuments et des Sites. Elles invitent le Parlement européen à un nécessaire dialogue avec les citoyens sur son projet qui ne peut gagner l’adhésion que dans la transparence.

Signataires :

Marco Schmitt – AQL
Isabelle Pauthier – ARAU
Jozef Van Waeyenberge – Europa Nostra Belgium
Raphaël Rastelli – Pétitions-Patrimoine