Schéma directeur Delta : halte à la pollution de l'air

Schéma directeur Delta : halte à la pollution de l'air

La Commission européenne ne peut justifier la pénétration d’une autoroute dans le tissu urbain.

La presse a fait état le 4 février du dévolu de la Commission européenne pour le site de Delta à Auderghem pour y implanter son second pôle de bureaux à Bruxelles (250.000 m² de bureaux, plus une nouvelle école européenne et une crèche) au grand dam de la Région qui planifiait ce nouveau pôle sur le site de Josaphat à Schaerbeek. Cette révélation met un terme à plusieurs années de suspens tout relatif puisque les cliniques du CHIREC ont-elles aussi fait part fin 2009 de leur intention de rassembler le long du boulevard du Triomphe trois de leurs implantations bruxelloises. Ce projet de clinique de 500 lits, s’il se réalise, devrait se voir flanqué d’un hôtel, de commerces et de 1.000 emplacements de parking.

Ce déballage de projets de grande ampleur intervient alors que le Gouvernement régional a entre ses mains le schéma directeur pour l’aménagement du site Delta depuis juillet 2009 pour ce site qui a été acquis par la Région en 20051. Le Gouvernement n’a encore pris aucune position quant aux orientations qui y sont contenues. Lorsque le gouvernement aura arrêté les options du schéma directeur, des plans d’aménagement réglementaires (PPAS) devront être établis pour fixer le cadre de l’urbanisation dans le respect des orientations du schéma directeur. Ce n’est qu’à ce moment que la concrétisation pourra être entamée, ce qui situe l’entame des travaux d’aménagement au plus tôt en 2012-2013.

L’ARAU a pu se pencher en primeur sur ce document, soigneusement rangé depuis juillet 2009 dans un tiroir du gouvernement. À la question d’une parlementaire, par ailleurs ex-échevine de l’urbanisme à Watermael-Boitsfort, commune limitrophe, le 9 décembre au Parlement régional, de savoir si Delta était destiné à l’implantation de la Commission européenne, silence radio de Charles Picqué.

Sa lecture ne manque pas d’estomaquer le lecteur. Les options proposées sont en effet fondamentalement inquiétantes : par exemple, sur l’opportunité d’installer le deuxième pôle européen à cet endroit ou quant à l’importance des infrastructures routières proposées, à leur prolongement dans la ville et à leurs conséquences en terme de pollution et de coûts pour les bénéficiaires (l’Europe et le CHIREC) mais aussi pour les pouvoirs publics.

L’ARAU a analysé le schéma directeur Delta qui stagne discrètement sur la table du Gouvernement régional depuis juillet 2009. Les options de base de ce document, si elles sont « ambitieuses» à premières vues, constituent une menace pour la qualité de vie : prolongation de l’autoroute de pénétration jusqu’au boulevard Général Jacques, présence d’un bloc de bureaux sur le triangle ferroviaire avec des milliers de place de parking, création d’un parking de dissuasion en ville, coûts de réalisation…

L’ARAU demande dès lors au Gouvernement :

  1. de ne pas adopter ce schéma directeur en l’état ;
  2. d’orienter clairement l’implantation du nouveau pôle de bureaux de la Commission européenne en faveur de Josaphat. L’absence de marges de manœuvre laissée en cas d’implantation massive à Delta et l’absence de valeur ajoutée en terme d’accessibilité par rapport au site ne plaident pas pour une telle implantation aujourd’hui à moins de revoir les dispositions en matière de stationnement et d’entrée de ville ;
  3. de réserver une partie significative du site à de l’industrie urbaine et à du logement social, éventuellement avec d’autres activités (équipements…) ;
  4. d’abandonner le projet de prolongation de l’autoroute E411 et la construction de parking de dissuasion à cet endroit. Ces projets ne solutionneront pas les problèmes de mobilité à Bruxelles, ils ne feront que les renforcer. Outre les sommes d’argent nécessaires à leur réalisation, leur présence constituera autant d’obstacles supplémentaires à la viabilisation du site. Dès lors, il doit réduire de 20 % la pression automobile à Bruxelles en agissant directement sur une partie des flux de voitures et en démolissant les viaducs des Trois Fontaines et H.-Debroux pour transformer cet axe en boulevard urbain.

Comment la Commission européenne pourrait-elle, d’un côté imposer une procédure d’infraction à la Région pour dépassement du seuil de particules fines et de l’autre, à Delta, justifier la pénétration d’une autoroute au coeur de la ville ?