Zone de basse émission : une mesure nécessaire mais insuffisante

Zone de basse émission : une mesure nécessaire mais insuffisante

Depuis ce 1er janvier, le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale est une zone de basse émission (ou LEZ, low emission zone). Les véhicules les plus polluants y seront progressivement interdits de circulation.

La décision de la Région d’instaurer une LEZ est bien sûr à saluer : c’est un (premier) pas dans la bonne direction, celle de la prise en charge du problème de santé publique majeur qu’est la pollution de l’air. Cette mesure, nécessaire (ne serait-ce que par le signal qu’elle envoie), ne devrait toutefois pas permettre, en l’absence de dispositions visant une réduction globale de la circulation automobile, de diminuer drastiquement les concentrations dans l’atmosphère de polluants liés au trafic routier. On peut en effet lire dans le rapport sur les incidences environnementales de l’avant-projet de Plan Régional Air-Climat-Énergie (PACE), publié en mars 2015, que la LEZ n’aurait qu’un « impact limité sur la qualité de l’air (en termes de concentration de polluants) […] les concentrations ne baisseraient que de 1% environ pour les PM10 et de 1 à 6% pour le NO2. »

Pour déployer pleinement ses effets, la LEZ doit donc s’inscrire dans une politique plus large de diminution globale du trafic automobile, non seulement dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’air mais aussi la mobilité, la LEZ n’ayant que très peu d’impact de ce point de vue.

Comme le déclare Céline Fremault, Ministre de l’environnement, l’instauration d’un péage serait une suite logique de la LEZ, à l’instar de l’exemple de Milan qui, après avoir instauré une zone de basse émission dès 2008 (Ecopass), a adopté en 2011 un système de péage de zone s’appliquant à tous les véhicules (Area C). Si l’instauration d’une LEZ est une mesure nécessaire, elle ne peut toutefois être considérée que comme une étape, un élément d’un système à venir plus global et plus ambitieux en matière de diminution de la pollution de l’air générée par le trafic automobile.

L’ARAU encourage la Région à faire les efforts nécessaires afin de figurer dans le peloton de tête des villes qui luttent contre la pollution et pour la santé et le bien-être de leurs habitants. Elle doit faire preuve d’ambition, à l’instar de villes comme Paris qui a décidé d’interdire les véhicules diesels dès 2024 et ceux à essence en 2030 (on peut également citer Oslo, Berlin ou encore Londres parmi les villes ayant décidé de prendre des mesures fortes). Rien de tel n’est encore annoncé à Bruxelles ; le calendrier de la LEZ s’arrêtant en 2025, quelle sera la suite ?

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la LEZ n’a pas pour objectif de s’attaquer aux enjeux climatiques ni aux problèmes de mobilité. Seule une réduction globale du trafic automobile (indistinctement de la « propreté » des véhicules) pourra contribuer à les résoudre.