La SNCB a besoin de moins de bureaux… mais veut en faire construire 25.000 m² supplémentaires

La SNCB a besoin de moins de bureaux… mais veut en faire construire 25.000 m² supplémentaires

Le projet de nouveau siège de la SNCB avenue Fonsny est un total non-sens, tant du point de vue de la planification (le projet de PAD Midi est en cours de révision), de l’environnement (démolir pour reconstruire 400 m plus loin), que de l’urbanisme (accentuer les effets de barrière et d’écrasement). Seule solution acceptable : refuser l’extension et sortir de la logique de démolition-reconstruction en rénovant le Tri Postal et les bâtiments « Delta-Flot de Senne » pour accueillir les mètres carrés manquants au programme de la SNCB.

Ce 14 décembre se termine l’enquête publique sur la demande de permis pour la rénovation-extension du bâtiment du Tri Postal, situé avenue Fonsny à Saint-Gilles, le long de la gare du Midi.

Le programme du projet se compose de :

  • 62.346 m² de bureaux (+ 24.849 m² par rapport à la situation existante), destinés à la SNCB et à HR Rail
  • 8.723 m² d’équipements d’intérêt collectif (+ 4.992 m²), destinés à des fonctions en lien avec la gare
  • 744 m² de commerces (+ 744 m²)

Si l’on s’en tient uniquement à certaines données chiffrées, on pourrait penser, de prime abord, que le projet de la SNCB « va dans le bon sens ». En réduisant fortement son occupation de bureaux dans le quartier du Midi (de 148.000 à 62.000 m²), la SNCB contribuerait aux objectifs de réduction de la fonction tertiaire tout en libérant de l’espace pour la création de logements : 2 objectifs auxquels l’ARAU souscrit pleinement. En revanche, dès que l’on examine ce projet d’un peu plus près, de flagrants non-sens sautent aux yeux.

Premièrement, la SNCB a conclu un « deal » avec des promoteurs privés pour une vaste opération immobilière (environ 160.000 à 180.000 m² répartis sur 4 sites) alors même que le projet de PAD Midi, dont une des raisons est justement d’encadrer cette opération, est toujours en cours d’élaboration et qu’il fera l’objet d’une « deuxième mouture » intégrant, entre autres, les évolutions récentes liées à la pandémie. L’ARAU tient à rappeler que ce ne sont pas les projets privés qui doivent définir le contenu d’un outil de planification comme le PAD mais que ce type de plan doit, au contraire, être élaboré à l’issue d’un processus démocratique et, ensuite, s’imposer aux différents acteurs immobiliers, qu’ils soient publics ou privés.

 

Pour utiliser une analogie, c’est comme si, voulant raccourcir vos cheveux, vous les coupiez plus court que souhaité et que vous ajoutiez des extensions pour arriver à la bonne longueur…

Deuxièmement, la réduction des besoins de bureaux de la SNCB dans le quartier du Midi se traduirait, avec le projet actuel, par la construction de 25.000 m² de nouveaux bureaux au-dessus du Tri Postal et l’éventuelle démolition de dizaines et de dizaines de milliers de m² ailleurs dans les environs. Or, à 400 m du Tri Postal se trouve un ensemble de bureaux actuellement occupé par la SNCB, le complexe « Delta-Flot de Senne », qui compte 27.375 m² de surfaces. Rénover le Tri Postal et ces bâtiments permettrait d’éviter une opération de démolition-reconstruction très dommageable pour l’environnement.

Par ailleurs, le projet SNCB n’offre aucune garantie de retour de la mixité dans le quartier, au contraire : s’il était autorisé tel quel on se retrouverait (si pas pour toujours, du moins pour longtemps) avec plus de mètres carrés de bureaux dans le quartier du Midi sans qu’aucun logement supplémentaire n’ait été créé concomitamment…

Enfin, la rehausse projetée le long de l’avenue Fonsny (une véritable muraille) ne ferait qu’accentuer les effets de barrière et d’écrasement déjà présents dans le quartier, avec des conséquences en termes d’ombres portées sur les îlots habités et de pollution de l’air qui n’ont fait l’objet d’aucune analyse dans l’étude d’incidences !

La seule conclusion à laquelle on peut arriver est donc de refuser ce projet : la rénovation des bâtiments actuels du Tri Postal doit se faire mais la rehausse de bureaux, qui n’a aucun sens et qui contrevient à l’objectif de rendre le quartier plus habitable, doit être abandonnée.