Rempart des Moines : tout casser pour tout caser ?

Rempart des Moines : tout casser pour tout caser ?

La Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois projettent une vaste opération de démolition-reconstruction du site du Rempart des Moines. Leur projet est beaucoup trop dense et fait table rase des qualités existantes (abattage de 67 arbres, « démontage » de la salle de sport qui a moins de 20 ans). L’ARAU demande moins de densité, moins de parkings et plus d’espaces (ou)verts : les habitants des quartiers denses du centre-ville ont aussi le droit de « respirer » !

La Ville de Bruxelles et la société immobilière de service public (SISP) Le Logement Bruxellois projettent une vaste opération de démolition-reconstruction du site du Rempart des Moines, un îlot situé dans l’ouest du Pentagone, aussi connu sous le nom de « 5 blocs ». L’opération envisagée consiste à faire table rase sur l’entièreté du périmètre : démolition des 5 barres de logements sociaux datant des années 1960 (313 appartements) mais aussi « démontage » de la salle de sport (inaugurée en… 2002 !), abattage de 67 des 98 arbres.

Le projet de reconstruction consiste quant à lui à bâtir :

  • 333 logements : 201 logements sociaux et 132 logements moyens
  • Des équipements publics, dont une nouvelle salle de sport
  • Quelques commerces
  • 188 emplacements de parking pour voitures
  • 852 emplacements de parking pour vélos

Par rapport à la situation existante, le projet envisage donc une très forte densification, de 16.610 m² supplémentaires, soit + 62,75 % ! Cette importante hausse se traduit par l’augmentation de l’emprise des constructions (perte de près de 4.000 m² d’espaces non bâtis au sol) et par des gabarits imposants, particulièrement pour le bâtiment situé à la pointe nord du site (à gauche sur l’image ci-dessous) qui s’élèverait à 32 m, soit bien plus haut que le bâti environnant. Dans la situation actuelle, les bâtiments sont situés en retrait par rapport aux rues ; les nouvelles constructions seraient quant à elles beaucoup plus proches des espaces publics, ce qui renforcerait l’effet d’écrasement que provoquent les immeubles élevés.

Moins de densité, moins de parkings, plus d’espaces (ou)verts : les habitants des quartiers denses du centre-ville ont aussi le droit de « respirer »

L’ARAU répète régulièrement que les projets doivent s’adapter aux bâtiments/sites et pas l’inverse. Dans le cas de ce projet sur le site du Rempart des Moines, c’est tout le contraire qui est envisagé par la Ville de Bruxelles et le Logement Bruxellois. Le respect des qualités existantes d’un site est avant tout un impératif écologique. Il s’agit de maintenir tout ce qui peut l’être afin d’éviter de détruire, de produire des déchets et, conséquemment, de produire des matériaux neufs consommant des ressources précieuses et émettant d’importantes quantités de gaz à effet de serre. Dans le cas du Rempart des Moines, si la réutilisation des bâtiments existants s’avère « impossible », ce n’est pas pour autant qu’il faut faire table rase sur l’entièreté du site et « repartir de zéro ».

Si une « profonde transformation » du site doit se faire, elle se doit de répondre aux intérêts des habitants, en premier lieu aux habitants des logements sociaux qui ont le droit, comme quiconque, à des logements offrant un maximum de confort de vie au sein d’un environnement qui permette de « respirer ». Pour répondre à ce droit, le projet de la Ville de Bruxelles et du Logement Bruxellois doit être profondément modifié. Pour l’ARAU, les critères essentiels à respecter par le nouveau projet qui devra être élaboré sont de :

  • Diminuer la densité (le nombre de mètres carrés des constructions)
    Le nombre total de mètres carrés doit être diminué jusqu’à un seuil qui permette de maintenir un maximum d’espaces non bâtis et publics sans pour autant construire des bâtiments élevés écrasant les alentours. Les bâtiments doivent être moins hauts et moins profonds que dans le projet actuel. La superficie actuellement dévolue aux logements sociaux (26.470 m²) doit être maintenue pour des logements sociaux.
  • Diminuer le nombre d’emplacements de parking
    Le nombre de places de parking doit être revu fortement à la baisse. Le quartier est bien desservi par les transports en commun et compte de nombreuses places de parking public. D’après le RIE, le taux de motorisation dans le secteur statistique du Nouveau Marché au Grain est de 0,33 voiture par ménage. Dans une optique « volontariste » de réduction de l’usage de la voiture, le nouveau projet ne devra pas dépasser ce ratio pour déterminer le nombre de places de parking. Ajouter des dizaines de places de parking (176) comme le prévoit le projet actuel ne pourrait que générer du trafic supplémentaire, source de nuisances pour les habitants.
  • Maintenir la salle de sport et un maximum des arbres existants
    L’ARAU se joint sur ce point à l’avis de la CRMS : « La Commission demande de revoir l’implantation des constructions et l’organisation des espaces publics de façon à conserver un maximum de sujets existants. L’intégration, en particulier, des cinq ormes protégés au sein de l’îlot central s’avère un potentiel pour le site. »
  • Créer des espaces verts de pleine terre
    Le projet actuel prévoit l’installation d’une ferme urbaine sur la toiture de la salle de sport. En diminuant la densité des constructions, il sera possible de créer cette ferme urbaine en pleine terre.

Les habitants des quartiers denses du centre-ville ont aussi le droit de « respirer » !