Rénovation du Centre Monnaie : feu vert pour un poids lourd de conséquences ! 

Rénovation du Centre Monnaie : feu vert pour un poids lourd de conséquences ! 

Les autorités bruxelloises valident un projet qui ne tient pas compte des leçons des crises et qui ne tire pas parti du potentiel de ce bâtiment mastodonte pour du logement accessible. 

Ce 27 juillet, la Commission de Concertation a émis un avis favorable sur le projet de rénovation du Centre Monnaie, assorti toutefois de certaines conditions. Pour l’ARAU, celles-ci sont largement insuffisantes et témoignent d’un manque de vision de la part des autorités. Penser une possible réversibilité future du projet ne doit pas être un prétexte pour reporter des choix décisifs et une ambition urbanistique qui répondent maintenant aux besoins des Bruxellois ! 

Ce projet de rénovation, qui se veut mixte et urbain, montre qu’il est possible de reconvertir du bureau en logement. Dès lors, pourquoi ne pas appliquer ce choix à l’ensemble du bâtiment ? Pourquoi maintenir plus de 43.000m² de surfaces de bureau, alors que la demande en espace de ce type ne cesse de diminuer ?  

Si on peut saluer la volonté de la Commission de Concertation de favoriser les logements destinés aux familles (en demandant de « supprimer les studios et revoir la distribution des types et tailles de logements afin d’augmenter les appartements de 2 et 3 chambres »), on peut aussi s’étonner de l’absence d’incitation à créer des logements sociaux. Il est inutile de rappeler que la demande en logements sociaux n’a jamais été plus criante à Bruxelles : les promoteurs privés peuvent et doivent contribuer à la création de logements sociaux. Aux autorités de leur rappeler, d’autant plus quand il est question d’un programme de plus de 70.000m² ! 

En outre, la Commission a beau demander de « démontrer et garantir une réversibilité des apparts-hôtels en logement » (réversibilité qui ne semble pas être prévue pour les surfaces de bureau), elle ne remet pas en question l’utilité d’un énième hôtel (316 chambres !) dans le centre-ville, et son intérêt pour les Bruxellois ! D’une part, elle valide ainsi un projet pensé clairement pour les touristes, au détriment des habitants. Une orientation qui s’inscrit malheureusement dans la continuité d’une politique d’accélération de la « touristification » (menée par la Ville de Bruxelles à travers la piétonnisation des boulevards du centre ou encore le projet de Beer Temple à la Bourse) et qui menace l’accessibilité et l’habitabilité du centre-ville pour les Bruxellois. D’autre part, elle semble ignorer le risque de suroffre hôtelière, qui a déjà fait des victimes à Bruxelles, surtout dans le cadre de la crise sanitaire (rappelons le sort du Métropole voisin). 

La Commission de concertation ne remet pas non plus en question l’augmentation inacceptable du gabarit du bâtiment (2 étages supplémentaires !), qui nécessitait une dérogation au RRU, justifiée par un souci d’« harmonie » avec la Tour Philips, récemment réhaussée. Prendre en exemple une balafre urbanistique, pour en commettre une autre, est donc apparemment admis. 

Enfin, bien qu’elle enjoigne à prévoir davantage d’emplacements pour les vélos, la Commission de Concertation se contente de demander de limiter les emplacements de parking (voiture) destinés aux espaces de bureau à 110. C’est encore trop : dans une zone très bien desservie par les transports en commun, au beau milieu d’une zone piétonne (entre les boulevards du centre et la place de la Monnaie), maintenir autant d’emplacements est totalement inutile, qui plus es dans un quartier où le nombre de parkings est déjà pléthorique. Or, si l’on veut voir se concrétiser les objectifs de réduction du trafic automobile, il est indispensable de diminuer la capacité de stationnement, qui détermine très fortement l’usage de la voiture. Chaque projet doit être l’occasion de contribuer à cette diminution.  

Le projet de rénovation du Centre Monnaie est un projet d’ampleur, qui pourrait être symbolique d’un réel changement d’ère urbanistique. C’est maintenant qu’il faut choisir de l’orienter en faveur du logement et de la vie en ville : reconvertir le bureau en logement est possible ; cette mesure doit s’étendre à l’ensemble du bâtiment ; le projet d’hôtel doit être abandonné. Le Centre Monnaie serait ainsi rendu aux habitants, prouvant ainsi qu’une erreur urbanistique peut toujours être réparée, quand la volonté politique est présente.