Places des Martyrs : le martyre continue...

Places des Martyrs : le martyre continue...

A la fin des années 80, un promoteur, DEKA, rachète entre autres les quatre immeubles situés place des Martyrs, 1-4 – puis l’angle rue Saint-Michel, 41, avec l’intention d’y aménager un hôtel. Les façades et les toitures sont classées (depuis 1963), les contraintes patrimoniales sont connues. C’est même une des motivations du promoteur : tirer parti de la plus-value patrimoniale de cet écrin d’exception afin de promouvoir un hôtel de charme. Nul besoin ici de rappeler le caractère historique inestimable de la place des Martyrs : un ensemble urbain du XVIIIe siècle, admirablement dessiné. Une saga urbanistique également puisque depuis les années 60, ce site exceptionnel, construit pour le logement, a été progressivement grignoté par les bureaux, les fonctions de représentations de la Communauté flamande et maintenant la fonction commerciale.

La Ville, la Région, les pompiers, se sont entendus avec des promoteurs pour faire supprimer trois escaliers du XVIIIe siècle dont le maintien a été imposé par la Ville et la Région en 2005. Les autorités publiques méprisent leurs propres engagements. Les autorités appliquent la prescription 0.8 pour permettre un hôtel, elles mettent des conditions patrimoniales bétonnées dans le permis délivré en 2006, quatre ans plus tard, les conditions s’évaporent. Qu’on laisse des zones blanches dans les plans où les promoteurs peuvent faire ce qu’ils veulent, tout le monde gagnera du temps ! Qui a dit que la bruxellisation appartenait au passé ?

C’est un acte de barbarie car ces impératifs et patrimonial et de sécurité incendie étaient connus dès le départ, et, depuis sept ans, personne en peut douter que des conditions techniques auraient pu être mises en place en rognant (un peu) sur la rentabilité du projet pour rencontrer des objectifs qui étaient connus dès le départ : le respect du patrimoine et la sécurité incendie. Voilà (encore) un jour noir pour le patrimoine bruxellois. L’ironie du sort c’est qu’il ne restera rien, hormis les façades, du patrimoine du XVIIIe siècle instrumentalisé pour vendre l’hôtel. Ce sont ces comportements illégitimes et incultes des promoteurs, de l’échevin Christian Ceux, de l’administration régionale, du secrétaire d’État Emir Kir, même s’ils ont une façade de légalité, qui permettent à certains de dire que Bruxelles est mal gérée.