Projet Lebeau – Sablon : la destruction de la ville par la voiture doit cesser !

Projet Lebeau – Sablon : la destruction de la ville par la voiture doit cesser !

L’ARAU demande à la Région de refuser la demande de permis de démolition-reconstruction de la quasi totalité d’un îlot, en contrebas du Sablon. Un saccage motivé par le seul désir du promoteur d’y construire un parking souterrain.

La demande de permis du promoteur Immobel devrait prochainement faire l’objet d’une commission de concertation suite à l’enquête publique qui s’est tenue du 15 au 29 octobre. Le projet consiste en la démolition d’un ensemble de bâtiments de bureaux pour y construire un ensemble mixte composé de logements, bureaux, hôtel et commerces ainsi qu’un parking souterrain de 385 emplacements.

Le projet Lebeau – Sablon s’inscrit dans une tendance qui s’accélère ces dernières années : la reconversion d’ensembles de bureaux en ensembles mixtes. Cette « dédensification » de la fonction bureaux couplée à la réintroduction de logements peut à première vue sembler rencontrer le combat de l’ARAU pour la ville habitée, pour la mixité des fonctions, pour la défense du logement, et contre la monofonctionnalité.
A y regarder de plus près, plusieurs projets de ce type actuellement en développement posent de nombreuses questions et comportent souvent des défauts majeurs et rédhibitoires sur le plan social, sur le plan environnemental, sur le plan de la mobilité et sur le plan patrimonial.

La raison de la démolition : un gigantesque parking

Moyennant une rénovation, les bâtiments actuels sont tout à fait aptes à connaître une « seconde vie ». En revanche, le maintien des bâtiments existants ne permettrait pas de construire l’énorme parking souterrain voulu par Immobel. Or, un parking (de 385 places !) est un total non-sens, en particulier à cet endroit de la ville.
Les parkings agissent comme de véritables « aspirateurs à voitures », c’est admis depuis des décennies. Augmenter la capacité de stationnement de 49 à 385 places irait complètement à contresens des objectifs poursuivis par la Région. Certains pourraient toutefois arguer que ces 336 emplacements supplémentaires permettraient de « compenser » la suppression de stationnements en voirie, oubliant que la présence de parkings, qu’ils soient en voirie ou hors voirie, est un puissant incitant à l’usage de l’automobile.
Cet argument de la « compensation » est d’autant plus caduc que le centre-ville est déjà noyé sous les parkings souterrains largement sous-utilisés et que, comme le souligne le rapport d’incidences, le site du projet bénéficie « d’une très bonne accessibilité en transports en commun ».

Au vu de ces éléments et des engagements de la Région et de la Ville de Bruxelles de réduire fortement l’usage de la voiture, la création de ce parking, et donc la démolition des bâtiments, sont inacceptables. Le promoteur doit revoir sa copie et proposer un projet adapté aux bâtiments existants, dont rien ne justifie la démolition. Le programme de ce nouveau projet devra également comporter une part significative de logements sociaux (le quartier Sablon ne compte aujourd’hui que 5,09 logements sociaux pour 100 ménages).

 

La destruction de la ville par la voiture doit cesser

La voiture a profondément transformé la ville. Elle continue à marquer de son empreinte la très grande majorité des espaces publics (jusqu’au sein de certains parcs), non seulement par les infrastructures telles que tunnels, viaducs ou autoroutes de pénétration, mais aussi par son omniprésence, qu’elle soit en mouvement ou inerte (dans les embouteillages ou rangée le long d’une façade). Ces transformations physiques ne se matérialisent pas que dans l’espace public : les grands ensembles de bureaux qui ont fait disparaître des quartiers entiers (quartier nord, quartier européen), ou encore les centres commerciaux, sont les fruits de la vision fonctionnaliste d’une ville conçue à l’échelle de la voiture.

Les dégâts de la voiture sur la ville et sur ses habitants sont connus de longue date, inutile de les rappeler ici ; la nécessaire réduction du trafic automobile est à l’ordre des plans, des déclarations et des engagements politiques depuis des décennies. S’il n’est aujourd’hui plus question de raser des quartiers entiers ou de tracer des autoroutes urbaines à travers la ville, la voiture continue néanmoins à provoquer des destructions. Certaines, « flagrantes », comme la construction d’un parking souterrain sous la place du Jeu de Balle, ont heureusement été évitées. D’autres, plus « discrètes » continuent néanmoins à être envisagées : le projet Lebeau – Sablon en est un exemple. Il n’y a d’autre choix pour la Région que de refuser cette demande de permis, faute de quoi elle foulerait du pied tous ses principes et ses engagements et obligerait son secrétaire d’État à l’urbanisme, Pascal Smet, à changer sa devise « a city for the people, not for cars » par « a city made by cars, not by the people ».