Ville de Bruxelles : politique ou pollution événementielle ?

Ville de Bruxelles : politique ou pollution événementielle ?

L’ARAU, interpellé par plusieurs riverains du Nord de Bruxelles suite au festival CORE du weekend dernier, souhaite de nouveau alerter les autorités publiques sur le détournement utilitariste des espaces publics et des parcs, privatisés pour des festivités au format de plus en plus démesuré : les nuisances sonores sur les quartiers habités sont documentées, les conséquences néfastes sur le patrimoine végétal et l’état des parcs sont connus.

Cette année, le parc d’Osseghem (propriété de la Ville de Bruxelles) accueille pas moins de trois festivals : Core Festival le week-end dernier, Couleur Café fin juin, et Brosela début juillet. En cinq semaines, cela fait beaucoup d’événements pour un même espace vert… on peut se réjouir d’une « belle reprise » des événements musicaux après la crise sanitaire mais il faut rappeler que ces festivals, organisés dans des espaces verts, s’accompagnent de nuisances sonores et lumineuses, vibrations, dégradation de la végétation (non seulement pendant les événements, mais aussi durant les phases de montage et démontage des installations). Des nuisances qui portent atteinte non seulement à la tranquillité des riverains… mais aussi au site en lui-même, et aux espèces qui l’habitent !
À cela s’ajoute encore la privatisation de certaines parties de ces parcs : le propre des espaces publics n’est pas justement d’être accessible à tou.·te·s, à tout moment, sans restriction aucune ?

L’ARAU en parlait récemment lors de sa conférence de presse exposant 25 propositions en vue de la régionalisation du bois de La Cambre : il est urgent de dresser un cadastre des événements organisés dans les parcs bruxellois, et ce à l’échelle de la Région. La Ville de Bruxelles, plus particulièrement, doit rester vigilante à la gestion de ses espaces verts : le parc d’Osseghem, au même titre que le bois de La Cambre, est victime de surexploitation. Si l’ARAU ne s’oppose bien évidemment pas à l’utilisation des espaces verts à des fins de divertissement, il s’avère nécessaire de ne pas dépasser certaines limites et de mieux répartir les festivités à travers tous les parcs de la Région (gérés ou non par celle-ci). Un cadastre événementiel, réalisé à l’échelle régionale, devra ainsi permettre d’opérer un choix réfléchi, motivé et conscient des événements organisés dans les parcs. Le besoin d’importantes surfaces ne peut être le seul argument : les événements doivent être pertinents par rapport aux sites et démontrer un caractère « durable » ; de la même manière, les sites eux-mêmes devront apporter une plus-value aux événement sélectionnés.

La possible reprise en main de la gestion du bois de La Cambre, par la Région, ne doit pas se faire au prix du sacrifice d’autres parcs, par la Ville : il faut veiller à ne pas reproduire les mêmes dérives à d’autres quartiers habités et à d’autres patrimoines arborés, et à mieux évaluer et encadrer les impacts de ces derniers. Si la Ville de Bruxelles entend recevoir la gestion du parc de Laeken en compensation de la perte du bois de La Cambre, la motivation ne saurait reposer sur le développement de sa politique évènementielle, mais bien sur l’intérêt et la capacité de la Commune à entretenir des espaces verts, au profit de la qualité de vie des habitants !