Bruxelles, « le plus grand piétonnier d’Europe » : une disneylandisation de l’espace public?

Bruxelles, « le plus grand piétonnier d’Europe » : une disneylandisation de l’espace public?

[Article de Jean-Michel Bleus paru dans la revue Transports Urbains]

Dans les années 1870, le voûtement de la rivière Senne et l’aménagement de boulevards de type haussmannien imposent une nouvelle organisation de l’espace urbain dans le centre historique de Bruxelles. Sous prétexte d’assainissement et d’embellissement, la bourgeoisie libérale transforme le bas de la ville, industrieux et populaire, en un centre d’affaires de première importance pour résister à la concurrence des faubourgs, alors en pleine expansion. Les boulevards servent en même temps à la circulation de transit entre les deux principales gares de la ville. Dans les années 1970, les transports en commun sont mis en souterrain pour laisser plus de place au trafic automobile. Les trottoirs relativement étroits sont encombrés de bacs à arbres, escaliers d’accès au prémétro, etc. En 2012, le profil de la voirie passe de 2×2 à 2×1 bandes avec pour seul aménagement le marquage de pistes cyclables.

Entre-temps, plusieurs projets de réaménagement global sont conçus sans être concrétisés, le plus récent d’entre eux, en 2003, étant d’ailleurs développé par le bureau d’urbanisme ayant dessiné le projet actuel (GroepPlanning, depuis lors rebaptisé SumProject). Les grandes lignes du réaménagement actuel consistent, pour les parties linéaires du piétonnier, en trois zones principales: « flânerie » le long des façades (pour le lèche-vitrines), « circulation » au centre et « repos » entre les deux (terrasses, parterres, bancs). Les différentes places sont fortement minéralisées et accueillent très peu de mobilier urbain.