Aucune remise en question de la trop grande présence automobile, aucune prise en compte des enjeux environnementaux, aucune préoccupation des besoins réels et de la sécurité des modes actifs : c’est la recette choisie par la commune de Schaerbeek pour son projet de réaménagement de l’avenue Louis Bertrand, qui vient d’obtenir son permis d’urbanisme.
Pour rappel, ce projet, porté par la commune de Schaerbeek, comporte de nombreux défauts :
- Maintien de 4 (!) bandes de stationnement sur l’artère ;
- Abattage de plus de 100 arbres, remplacés par (seulement) 70 autres ;
- Réduction de la surface végétalisée de l’avenue ;
- Suppression du revêtement pavé, en très bon état, dans le contexte patrimonial des abords de l’église Saint-Servais ;
- Zones de stationnement au même niveau que les trottoirs : un réel danger pour les usagers les plus fragiles (piétons, enfants, PMR, etc.) !
- Aucune réflexion sérieuse visant à donner plus de place à la mobilité active.
Rétroactes : en 2021, la commune de Schaerbeek avait introduit une demande de permis pour le réaménagement de l’avenue. L’ARAU avait émis de nombreuses critiques lors de l’enquête publique, mais la Commission de Concertation avait remis un avis favorable unanime. La Région avait toutefois refusé de délivrer le permis. Selon Urban, le projet n’était pas satisfaisant en termes de mobilité cycliste ; l’administration préconisait la réduction de 150 places de stationnement pour créer une piste cyclable réellement séparée (et pas uniquement marquée). Fin 2022, la commune avait introduit un recours auprès du Gouvernement… et a, cette semaine, obtenu gain de cause.
Une « victoire » pour la commune (et les automobilistes) ? Peut-être… mais pas pour le patrimoine, les arbres et les modes actifs. Il s’agit d’un projet très peu ambitieux, pensé
- sans remettre en question la trop grande présence automobile sur l’artère (4 bandes de stationnement + 2 bandes de circulation !);
- sans préoccupation pour l’urgence environnementale ;
- sans prendre en compte les besoins réels et la sécurité des modes actifs.
L’avenue Louis Bertrand, son patrimoine et sa végétation méritent mieux que ce projet totalement démodé, bien loin de « l’équilibre » prétendu. En avançant de telle sorte dans un projet rétrograde, la Commune nie les enjeux urbains contemporains et méprise les comités et associations qui les ont défendus avec conviction, dans l’intérêt général. Comment, en 2023, un projet d’aménagement peut-il encore accorder tant de place aux voitures, et si peu à la nature ?