Ce 17 avril, la Commission de Concertation se penchera sur le dossier de reconversion du Delhaize Molière / ancien Royal Rinking (chaussée de Waterloo 567-569, à Ixelles). Au programme : démolition totale du bâtiment, reconstruction d’un ensemble de logements (notamment le long d’une rue intérieure privée), commerces, et parking en sous-sol. En tout, 12.280 m² (contre 7.280 m² actuellement).
Le projet ne conserve rien de l’ancien bâtiment, mise à part la charpente métallique de la toiture, qui sera démontée, rénovée puis reposée, à titre purement décoratif. Brièvement évoquée dans les documents relatifs au projet, la conservation des façades et des arches qu’elles présentent n’est finalement pas au programme. En clair : il ne restera rien de l’ancien Royal Rinking / Delhaize Molière.
A nouveau, il s’agit ici d’un projet qui part d’une page blanche sans chercher à tirer parti de l’existant. Seule semble compter la valeur et la superficie de la parcelle. Or cette parcelle n’est pas vide ! Elle abrite un bâtiment emblématique du quartier, un bâtiment dont l’histoire et les successives affectations témoignent de la capacité d’adaptation à des fonctions toujours très différentes. Pourquoi ne pas continuer sur cette lancée ?
La valeur historique, patrimoniale et sociale du bâtiment a d’ailleurs été mise en avant par plusieurs recherches. Garage devenu patinoire en 1907, c’est aujourd’hui l’un des derniers témoins de ce loisir (le patin à roulette) très en vogue à l’époque. Redevenu garage dans les années 1930, il est reconverti en supermarché Delhaize dans les années 1980. En 2017, celui-ci déménage de l’autre côté de la chaussée de Waterloo et, l’année suivante, le bâtiment devient alors un lieu d’exposition de streetart, Strokar Inside. Il faut noter que la charpente métallique du début du siècle, ainsi que les façades (dont l’architecte pourrait être Aimable Delune), ont survécu à chacune de ces transformations.
Finalement, pourquoi, une fois de plus, faire disparaitre un bâtiment emblématique du quartier ? Pour l’ARAU, ce bâtiment doit être conservé, réhabilité, et réaffecté. En effet, de nombreuses fonctions urbaines, très gourmandes en surfaces (et qui ont dès lors des difficultés à rester en ville !), pourraient tout à fait trouver leur place dans ce bâtiment : salle de sport, halle alimentaire, équipement culturel, etc. Les possibilités sont nombreuses et le bâtiment offre un important potentiel ! L’ARAU se joint ainsi au comité « Un îlot Un quartier » et demande donc aux membres de la Commission de Concertation de remettre un avis négatif sur le projet qui, en l’espèce, ne respecte ni le patrimoine, ni les ambitions écologiques de la Région : rappelons qu’une opération de démolition-reconstruction présente un coût environnemental largement supérieur à celui d’une réhabilitation ! Elle est ici d’autant plus injustifiée que le projet est dérogatoire au RRU (Titre I – Art. 4 « Profondeur ») et ne vient en rien reverduriser et dédensifier un îlot déjà très construit.