L’ARAU déposera la demande de classement du Palais du Midi, intérieurs compris !

L’ARAU déposera la demande de classement du Palais du Midi, intérieurs compris !

Informations pratiques pour la signature de la pétition de classement :

  • Toutes les cases du formulaire doivent être remplies : n’oubliez pas d’inscrire votre numéro de carte d’identité !
  • Il n’existe malheureusement pas de formulaire en ligne ; pour compléter le formulaire vous pouvez soit :
    • venir le signer directement dans nos bureaux (rue du Midi 165, 1000 Bruxelles) du lundi au vendredi entre 9h et 17h
    • éditer le formulaire en format PDF (sans oublier votre signature) et nous l’envoyer par mail à info@arau.org
    • imprimer le formulaire et le compléter à la main ; vous pouvez ensuite le scanner et nous l’envoyer par mail ou nous l’envoyer par la poste (ou le déposer)

Le Palais du Midi, c’est un monument emblématique, non seulement à l’échelle du quartier, mais aussi du Pentagone, et de la Région.  Sauvegarder le Palais du Midi, dans son entièreté, c’est reconnaître la valeur historique et présente d’un monument vivant, et d’un patrimoine tant matériel qu’immatériel. L’ARAU a donc décidé d’apporter son soutien au mouvement citoyen du quartier Stalingrad Lemonnier (habitants, commerçants, usagers) qui a initié la récolte de signatures pour suivre la procédure de « pétition de classement », qui doit être officiellement portée par une association active dans la défense du patrimoine urbain (voir l’article 222 du CobAT).

Démonter le Palais du Midi ?

Dans le cadre du projet de Métro 3, la STIB envisage le « démontage partiel du Palais du Midi » afin de créer construire un tunnel de 120 m sous l’édifice. En français, on parle plutôt d’une opération de démolition-reconstruction de l’intérieur du bâtiment, et d’une partie des façades. La CRMS l’a bien compris : dans sa lettre ouverte du 15 février 2023, elle explique que cette opération « reviendrait à détruire pratiquement un tiers du Palais, en particulier à l’angle Lemonnier / Van der Weiden et au droit du Passage du Travail. »

Si, au vu des récentes informations/ déclarations, l’avenir du Métro 3 semble actuellement incertain, celui du Palais du Midi se doit d’être assuré : le bâtiment ne peut être démonté, et doit être classé. Heureusement, et indépendamment de ces éléments de contextualisation politique, la valeur patrimoniale et l’histoire atypique de ce site nous donnent de bonnes et objectives raisons faire valoir l’intérêt d’une mesure forte de protection.

Palais du Midi

Un patrimoine architectural

Conçu en 1875 par l’architecte Wynand Janssens, inauguré en 1880, le Palais du Midi est un monument emblématique de l’éclectisme bruxellois. Malgré sa physionomie imposante (… qui fait aussi son intérêt), il s’intègre harmonieusement et habilement au quartier. Il fait partie intégrante du paysage urbain dessiné par les boulevards du centre (dont il est le contemporain) : avec la Bourse ou encore l’hôtel continental, il fait partie des monuments phares qui ponctuent ces artères.

Palais du Midi

  • Côté boulevard Lemonnier, Le bâtiment s’intègre au front bâti, par son gabarit et le style éclectique de sa façade, longue de 175 mètres.
  • Sur le pourtour du bâtiment, et particulièrement côté avenue de Stalingrad, l’enfilade de devantures commerciales forme un ensemble très cohérent et animé, auquel la Régie foncière de la Ville, subsidiée par Atrium (HUB.Brussels) a su redonner (littéralement) des couleurs en 2014 .
  • Par ailleurs, les riches détails ornementaux de ses façades lui confèrent aussi une grande valeur architecturale (sculptures, bas-reliefs, ferronneries, etc.).
  • Le passage du Travail, qui sépare les deux « ailes » du bâtiment, mérite aussi l’attention, par son alignement de pilastres et ses larges vitrines.
Palais du Midi
Rénovation des devantures commerciales du Palais du Midi en 2014. Source : Canal.brussels

Au-delà des façades, l’intérieur de l’édifice, qui a connu plusieurs évolutions et remises en état, est très intéressant :

  • En 1924-1936, une première phase de travaux est l’œuvre de l’architecte Maurice Van Ysendyck (d’autre part auteur de la rénovation de l’hôtel communal de Schaerbeek, après l’incendie de 1911) ;
  • Entre 1950 et 1964, le Service des Travaux Publics de la Ville de Bruxelles signe une seconde rénovation ;
  • Entre 1979 et 1992, une troisième phase est entamée selon les plans des frères André et Jean Polak… lesquels sont les concepteurs de l’Atomium (rien que ça !).

Des rénovations et transformations qui portent donc la marque de pointures de l’architecture bruxelloise, lesquelles, selon la CRMS

 

ont su lui conserver sa cohérence, sa monumentalité et son style, et ont permis de faire prospérer ce magnifique témoin du développement industriel, urbanistique et architectural que connut Bruxelles à la fin du 19e siècle.

Le bureau Architectures Parallèles, désigné par la Ville de Bruxelles pour assurer la restauration patrimoniale des façades, d’une partie des toitures et des verrières déclarait lui aussi que

 

Chacune de ces phases de travaux semblent cependant avoir été entreprises dans le respect du bâtiment et les transformations qui lui furent apportées s’y sont intégrées relativement discrètement et harmonieusement.

On peut donc parler d’un monument éclectique (façades) et moderniste (intérieur), deux courants architecturaux qui ont laissé à Bruxelles d’importants équipements publics et lieux collectifs. La CRMS lui reconnait une « très grande valeur patrimoniale à l’échelle du bâti et du paysage urbain » ; l’ARAU ne peut qu’abonder dans ce sens.

Un patrimoine social

Au-delà du patrimoine matériel, le Palais du Midi est aussi un beau témoin d’architecture résiliente : il a en effet connu de nombreuses évolutions au niveau des fonctions accueillies, auxquelles les architectes ont su remarquablement l’adapter. Commandé initialement par la Compagnie Générale des Marchés, le bâtiment accueillera des expositions, une école industrielle, un musée, et les services administratifs de la Ville de Bruxelles, qui le rachète en 1907. D’autre part, dès son origine, le bâtiment accueille une couronne de boutiques côté rue.

L’histoire et la nature des activités qui y ont pris place reflète l’importance de l’ouverture à un public : le Palais du Midi est ainsi devenu un bâtiment foncièrement populaire. Il faut aussi noter l’investissement historique et régulier de la Ville de Bruxelles pour exploiter au mieux le bâtiment et entretenir la vitalité des lieux. Aujourd’hui, c’est aussi un exemple remarquable de mixité fonctionnelle à l’échelle d’un bâtiment : écoles, infrastructure sportive, commerces, etc. Une multitude d’usages… et donc d’utilisateurs ! le Palais du Midi n’est pas qu’un équipement « de quartier » : il est utilisé par un public bien plus large et nombreux ! C’est un bâtiment que le public bruxellois s’est approprié : sa disparition serait profondément anti-sociale.

 

Palais du Midi
Le 3X3 Basketball Winter Series, au Palais du Midi en 2019. Source (c)La DH

Le Palais du Midi, avec ses boutiques (mais aussi le passage qu’il suscite, de par ses autres fonctions) c’est aussi le centre d’un important quartier commerçant dont les axes principaux sont l’avenue de Stalingrad et le boulevard Lemonnier : une vitalité sociale et commerciale que le film Stalingrad, avec ou sans nous ? a su remarquablement mettre en images tout en dénonçant le mépris assumé des politiques envers l’avenir de ce quartier. Car depuis 2019 et le lancement du chantier pharaonique de la station de métro Toots Thielemans, les commerçants peinent à survivre. « Démonter » / démolir le Palais du Midi, et par là-même entraver plus encore l’activité commerciale, serait le coup de coup de grâce pour le quartier.

Conclusion

Les fonctions de ce bâtiment emblématique (lieu de rassemblement, commerces, sport, etc.) sont, d’un point de vue patrimonial, tout aussi importantes que le décor éclectique dans lequel elles sont implantées. Le Palais du Midi, c’est un patrimoine matériel, immatériel, et surtout vivant ! L’évolution des usages et les adaptations dont le bâtiment a bénéficié participent elles aussi de cette valeur patrimoniale. Postuler ou imposer la démolition des intérieurs est un acte de violence, assez autoritaire, contre le patrimoine, contre le caractère populaire et « habité » du bâtiment.

Participez au classement : signez la pétition !

L’ARAU déposera le dossier de demande de classement fin juin. Il est possible de contribuer à cette initiative en ajoutant votre signature (renvoyer ce document complété d’ici le 5 juillet ou passez le déposer chez nous, à deux pas du Palais du Midi !)