Le projet de rénovation de la magnifique place de la Liberté passe à l’enquête publique, jusqu’au 25 mai prochain. L’ARAU salue la volonté de rendre la place plus accessible aux modes actifs, de supprimer les places de parking et de replacer des grilles ornementales similaires à celles d’origine (autour de la pelouse) dans un souci plus général de respect des perspectives historiques. Ces éléments ne sauraient cependant occulter les nombreux défauts du projet :
Le plain-pied, configuration de plus en plus courante dans le réaménagement des espaces publics historiques, banalise l’intérêt patrimonial des lieux sans convaincre par ailleurs sur les avantages urbanistiques et fonctionnels. Supprimer les trottoirs constitue une atteinte à la valeur patrimoniale du site qui est pourtant classé. Ceux-ci permettent en effet de mettre en valeur les façades (majestueuses autour de la place) et de souligner les perspectives. En outre, le trottoir surélevé doit juste rester le « refuge » du piéton et des PMR vis-à-vis des mobilités plus rapides et dangereuses. Maintenir ces trottoirs n’est par ailleurs pas incompatibles avec les besoins des PMR : il est tout à fait possible de concevoir un circuit spécifiques en intégrant des couloirs de circulation avec un revêtement naturel adapté et en abaissant ponctuellement les bordures. Concilier l’intérêt patrimonial du lieu avec une mobilité inclusive n’est pas une contrainte technique majeure.
Si le remplacement de l’asphalte par de la pierre naturelle en voirie est une bonne chose, l’utilisation de pavés sciés constitue un non-sens écologique et technique : en l’état, les pavés de porphyre sont quasiment inusables, solides, donc très durables, à condition de les placer et de les entretenir correctement. En les sciant, on rend obsolète une ressource existante immuable. En Les pavés sciés sont un faux bon compromis, très énergivore, qui ne tiendront pas sur le long terme, ce qui devrait pourtant être l’objectif premier d’un projet de rénovation d’espace public.
Vu le périmètre restreint du projet, la transition entre les aménagements existants (trottoirs, etc.) et les nouveaux aménagements de la place et ses abords risque de causer une rupture physique et visuelle, laquelle sera peu pratique pour les usagers, et peu en accord avec la valeur patrimoniale et historique du quartier.
La question n’est pas de savoir si l’on ferait primer un intérêt « esthétique » sur un objectif politique d’inclusion. L’enjeu est d’entretenir un espace public de qualité en prenant en compte la valeur historique et urbanistique des lieux tout en la faisant rencontrer les besoins des usagers les plus faibles de l’espace public.
L’enquête publique se termine le 25 mai : n’hésitez pas à consulter les plans et à vous faire entendre. L’ARAU reviendra prochainement plus en profondeur sur ce dossier (restez connectés !), et sera en tout cas présent à la réunion de la Commission de Concertation le 13 juin prochain pour faire entendre son avis : rejoignez-nous !