La presse fait aujourd’hui état du projet de réaménagement de l’avenue de Stalingrad pour lequel la Région bruxelloise vient de délivrer le permis et fait mine de se réjouir. Mais nos responsables et médias ont visiblement la mémoire courte ! Ce projet (et la manière dont il est présenté) laisse à penser que l’avenue de Stalingrad n’avait encore jamais fait l’objet d’une rénovation ambitieuse. On rappellera pourtant que l’avenue venait d’être réaménagée en 2012, dans le cadre du contrat de quartier Rouppe : tous les habitants et usagers du quartier ont ainsi pu bénéficier d’une large rambla et d’un nouveau cadre de vie, très appréciés, pendant quelques (trop courtes) années…
Un bonheur de courte durée, l’avenue tout juste rénovée ayant été condamnée en 2019 par les travaux du métro 3 et le creusement de la station Toots Thielemans. Un gaspillage urbanistique et financier aussi (2,5 millions d’Euros), qui a depuis été le malheureux fil conducteur de la délétère saga du métro 3.
Il est aussi plutôt malvenu de mettre en avant la construction d’un parvis devant le Palais du Midi, lorsqu’on sait l’avenir macabre que la Région (et la Ville) réserve au bâtiment. La faiblesse des termes utilisés en dit aussi beaucoup sur l’opacité de l’information relative au projet : non, le bâtiment ne sera pas juste « démantelé et reconstruit » mais bien purement et simplement démoli, sans aucune précision à ce jour sur les modalités de reconstruction et son affectation future.
Non, il ne s’agit pas d’une « étape de plus » pour le projet de métro au sujet de laquelle il faudrait se réjouir : le réaménagement de l’avenue de Stalingrad n’est finalement qu’une (trop) maigre compensation compte tenu des nuisances sans fin que subit le quartier, depuis des années, à cause d’un chantier dont l’inutilité pour les habitants et les commerçants n’est plus à prouver. Vanter la participation autour de ce projet est aussi plus que mensonger, lorsqu’on sait l’attention portée à l’avis des usagers depuis le début du projet de métro et des chantiers liés à celui-ci. Comme les procédures de permis liés au projet de métro, la participation a été saucissonnée et manque cruellement d’un encadrement et d’une vision plus globales.
Arrêtons de déformer l’histoire urbanistique en train de s’écrire, exigeons plus de transparence sur l’avenir du Palais du Midi. Exigeons aussi des informations claires sur les multiples impacts du chantier du métro, si ce dernier devait, faute de lucidité politique, se poursuivre et étendre ses effets collatéraux dans les espaces publics au Nord de la ville !