Les bâtiments rue du Marais – rue des Sables sont sauvés !

Les bâtiments rue du Marais – rue des Sables sont sauvés !

Une excellente nouvelle et une victoire pour l’ARAU qui se battait depuis 2013 pour la sauvegarde de ces bâtiments remarquables : un travail de longue haleine et une mobilisation citoyenne (pétition de plus de 8000 signataires, groupe de travail pour le dépôt d’une demande de classement…) qui ont fini par payer

Pascal Smet, Secrétaire d’Etat chargé de l’Urbanisme et du Patrimoine, a annoncé ce jeudi 16 septembre que les bâtiments situés à l’angle de la rue du Marais et de la rue des Sables ne seront pas démolis. La haute école Odisee (KU Leuven), qui avait obtenu un permis en 2017 pour démolir ces bâtiments et y reconstruire un campus, a finalement changé ses plans.

Dès l’annonce du projet, en 2013, l’ARAU s’engage dans un combat pour empêcher le saccage patrimonial qu’aurait été la destruction de cet ensemble en partie dû à l’architecte Paul Saintenoy (auteur de l’Old England qui abrite aujourd’hui le Musée des Instruments de Musique) et situé dans la zone de protection des Anciens magasins Waucquez de Victor Horta, classés.

En 2014, lors de l’enquête publique sur la demande de permis d’Odisee (alors HUB), l’ARAU réitère sa ferme opposition au projet : inadapté aux bâtiments existants, il prévoit dès lors une démolition complète. Malgré la valeur historique reconnue dans le dossier de demande de permis et le bon état du bâti (rénové en 1992), le projet reçoit un avis favorable des administrations régionales siégeant dans la commission de concertation, même si la Ville de Bruxelles remet, elle, un avis défavorable.
Face à ce non-sens, l’ARAU lance une pétition (qui compte aujourd’hui plus de 8.000 signatures) pour alerter l’opinion et élargir la mobilisation.

On reste alors sans nouvelles du projet d’Odisee pendant plusieurs années, durant lesquelles ont lieu – on l’apprendra par la suite – des procédures de recours d’Odisee auprès de la Région afin d’obtenir le permis (pour le détail, voir l’arrêt du Conseil d’Etat du 29 novembre 2019).
C’est en 2017, le 23 février, que la Région délivre le permis de démolition-reconstruction : un « coup fatal au patrimoine bruxellois », comme l’écrit alors l’ARAU. La Ville de Bruxelles, toujours opposée au projet, introduit un recours devant le Conseil d’État quelques mois plus tard (le 10 juin 2017), recours qui est finalement rejeté le 29 novembre 2019 : il n’y a alors plus d’obstacle légal à la démolition…

Mais l’ARAU ne se décourage pas : la pétition est relancée et un groupe de travail, composé d’habitants, est constitué pour élaborer un dossier de demande de classement, une procédure qui demande beaucoup d’efforts pour rassembler toutes les pièces nécessaires (archives historiques, documents administratifs…). Un rassemblement est organisé le 12 mars 2020 devant les bâtiments pour marquer la clôture de la récolte des signatures nécessaires à la pétition de classement.

La demande de classement est déposée le 12 mai 2020 et l’administration en accuse la bonne réception au mois de septembre. L’annonce de Pascal Smet ne remet pas en cause cette procédure (dont on attend toujours qu’elle avance) car seul un classement permettra de garantir définitivement la sauvegarde des bâtiments qui devraient bientôt faire l’objet d’un nouveau projet.

La vigilance reste de mise

Un article de BRUZZ publié ce 16 septembre rapporte que c’est Belfius Insurance qui prend la propriété de l’ensemble rue du Marais – rue des Sables où un projet comprenant des logements, des logements étudiants et des bureaux serait envisagé. Le directeur de Belfius Insurance, Dirk Vanderschrick, assure que l’architecture et la valeur patrimoniale seront respectées (« Daarbij zullen we erover waken dat de architecturale en erfgoedwaarde van het pand gerespecteerd blijft »).
L’ARAU restera bien entendu très attentif au développement de ce nouveau projet et n’abandonnera pas la procédure de classement qui, si elle aboutit positivement, garantira la pérennité des bâtiments.

Le travail des associations paye… et mérite d’être reconnu !

Alors que l’ARAU et IEB éprouvent de grandes difficultés à faire reconnaître et soutenir financièrement leur travail par la Région, l’issue heureuse dans ce dossier rappelle que la pression et l’énergie du milieu associatif contribuent à améliorer les projets urbains et à aider les autorités à mieux négocier pour trouver des solutions. L’ARAU ne doute pas que Pascal Smet en soit pleinement conscient et qu’il le manifestera bientôt par l’octroi d’un agrément dans le cadre de l’ordonnance de 2008 visant à soutenir structurellement les missions de base des associations actives et engagées dans l’amélioration de l’environnement urbain et du cadre de vie.

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