Quartier Nord : repenser les échelles du PAD Max pour en faire un outil au service de l’urbanité

Quartier Nord : repenser les échelles du PAD Max pour en faire un outil au service de l’urbanité

Basé sur l’ambition, louable, de rendre le quartier plus vert et plus mixte, le Plan d’Aménagement Directeur Maximilien-Vergote (PAD Max, de son petit nom) loupe le coche. Son périmètre, qui n’intègre pas les tours de bureaux du quartier Manhattan, ne permet pas un rééquilibrage de la mixité fonctionnelle et sociale à l’échelle du quartier élargi ; tandis que ses prescriptions, trop imprécises et trop peu contraignantes, ne garantissent pas la (re)création d’un quartier Nord à échelle humaine.

Refaire du quartier Nord un vrai « morceau de ville » implique avant tout de penser à l’échelle humaine. L’actuel quartier Nord est le fruit d’une urbanisation pensée à l’échelle de l’automobile : non seulement dans le quartier Manhattan, né de destructions, violentes, qui ont laissé place à une enfilade de tours de bureaux, mais aussi dans les quartiers qui sont restés habités, où les logements ont été conçus sous formes de barres, dans un « ordre ouvert » décousu. Ces formes anti-urbaines constituent un lourd héritage avec lequel il faut aujourd’hui composer, la politique de la table rase ne pouvant plus être acceptée, notamment dans une perspective de respect des impératifs écologiques, qui demandent le maintien et la rénovation plutôt que la démolition et la reconstruction.

Ce n’est pas pour autant que « tout est perdu » : les moyens d’action ne manquent pas pour recréer des liens à l’échelle de l’ensemble du quartier Nord, actuellement morcelé, aussi bien physiquement que par la multiplicité des plans et des projets non coordonnés.

  • En premier lieu, il s’agit d’intervenir sur les espaces publics, de faire des rues, non plus à l’échelle de la voiture mais à celle du piéton, à celle de l’habitant qui doit pouvoir y trouver des lieux de séjour, faisant la part belle au « vert », et non pas seulement des couloirs de circulation : le projet de PAD Max n’offre à cet égard pas de garanties suffisantes.
  • Deuxièmement, les éventuelles constructions neuves ne doivent pas reproduire les formes anti-urbaines (barres et tours) qui ont déstructuré le quartier Nord par le passé mais suivre les formes « traditionnelles » du tissu urbain (gabarits modérés, îlots fermés) : les prescriptions du PAD Max doivent être reformulées en ce sens.
  • Le troisième axe est celui de la mixité des fonctions, fondement de la ville. Cette mixité des fonctions doit être à la fois pensée à l’échelle du quartier élargi (par l’extension du périmètre du PAD au quartier Manhattan, on ne peut plus monofonctionnel) mais aussi à celle de l’îlot, voire de l’immeuble là où l’îlot a disparu au profit de barres ou de tours. Ce renforcement de la mixité ne doit toutefois pas être le prétexte à l’éviction des fonctions dites « faibles » (logements sociaux, activités productives, équipements publics) par les fonctions dites « fortes » comme le logement de « standing » : les garde-fous, indispensables, ne sont pas assez présents dans le projet de PAD.
  • Le quatrième axe, tout aussi essentiel, est celui de rendre effectif le droit à la ville pour toutes et tous, autrement dit de permettre à toutes et tous d’habiter dans chaque partie de la ville : la mixité sociale ne peut se limiter à certaines d’entre elles. La présence de logements abordables, en particulier sociaux, dans chaque quartier est une condition sine qua non. A cet égard, le projet de PAD Max doit être repensé : d’une part pour englober le quartier Manhattan et imposer des quotas de logements sociaux dans les multiples opérations immobilières privées en cours ; d’autre part pour garantir que les logements situés sur les terrains publics, qui représentent une grande partie de l’actuel périmètre du PAD, soient des logements publics, dont minimum 60 % de logements sociaux.

C’est en suivant ces quatre axes, et en les traduisant par des prescriptions précises et contraignantes s’appliquant sur un périmètre élargi, que le PAD Max pourra devenir un outil au service au service de l’urbanité.

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