En pleins Sablons, un non-sens écologique et un gâchis patrimonial, avec la bénédiction des autorités

En pleins Sablons, un non-sens écologique et un gâchis patrimonial, avec la bénédiction des autorités

Le permis pour la transformation du Musée Juif, rue des Minimes, vient d’être octroyé : s’il était mis à exécution, seule la façade éclectique resterait debout ; le reste serait totalement démoli et reconstruit, et un étage supplémentaire serait ajouté. Et ce, en l’absence d’une étude des alternatives possibles et d’un bilan carbone justifiant l’opération. Et sans que les autorités compétentes n’y trouvent rien à redire.

Fin 2022, le projet de transformation du musée Juif, porté par Beliris (une institution publique !) passe à l’enquête publique. Face à des lacunes dans le dossier, l’ARAU demandait à la Commission de Concertation d’émettre un avis défavorable sur le projet, d’exiger l’étude d’alternatives à la démolition ainsi que la production d’un bilan carbone par un bureau indépendant. Il plaidait aussi pour l’organisation d’une seconde enquête publique sur base de ces nouveaux documents. Il n’empêche : au terme de la réunion du 20 décembre, la Commission de Concertation, émet un avis favorable sur le projet, dans lequel elle demande tout de même de « Fournir des compléments d’informations et justificatifs afin de confirmer la nécessité d’une démolition/reconstruction du bâtiment principal (note de stabilité, état sanitaire, bilan carbone, etc.) ». En d’autres termes, de fournir les documents prouvant la nécessité de démolir.

Cette semaine, le projet a obtenu son permis d’urbanisme : les documents demandés par la Commission de Concertation pour justifier la démolition ont-ils été fournis ? Des alternatives ont-elles été envisagées ? Dans un cas comme dans l’autre, la conclusion est la même :

  • Si oui, ce bilan carbone et ces alternatives doivent être rendus publics et une nouvelle enquête doit être organisée avant toute délivrance de permis ;
  • En l’absence de ces documents, le permis ne devrait pas être octroyé, la démolition n’étant toujours pas justifiée. Les voies de recours fragiliseraient alors la poursuite du projet…

Or le permis a bien été délivré : on ne peut que s’interroger sur les pré-accords (entre institution culturelle et institution publique !) qui président à cette décision, sur ces négociations en amont dans lesquelles le citoyen n’a pas eu son mot à dire ; bien plus, on ne peut que se demander pourquoi une enquête publique a été organisée, dans la mesure où l’avis du citoyen, mais aussi celui de la commission de concertation ont été balayés du revers de la main. Si cet avis n’est qu’indicatif, le demandeur qui souhaite s’en écarter doit tout de même justifier pourquoi, ce qui ne semble pas avoir été le cas ici.

Il est scandaleux de constater l’indifférence généralisée des institutions publiques face à ce projet de démolition-reconstruction : ni Urban.brussels, ni Beliris, ni la Communauté française, ni le Maitre-Architecte (BMA) ne semblent y trouver à redire. Et ce malgré de nombreuses sorties dans lesquelles leurs représentants répètent à corps et à cri que la rénovation doit devenir la règle, et la démolition-reconstruction l’exception !