Cinq nouvelles rues aux Marolles ?

Cinq nouvelles rues aux Marolles ?

« La rue est le salon du pauvre »… c’est aussi son patrimoine vivant !

La séance de la Commission de Concertation de ce mardi 4 avril 2023 a mis en exergue de nombreuses tensions et inquiétudes sur les modalités de rénovation de l’espace public du quartier. Une politique de réaménagement mal calculée et, pour l’ARAU, surtout déconnectée du patrimoine urbain marollien… En ce compris de son esprit populaire et de sa légère tendance à l’insurrection. L’histoire se répète et, paradoxalement, elle est toujours la grande absente des projets d’espace public.

Jamais évident, pour les pouvoirs publics, de toucher aux Marolles. Et la séance de la Commission de Concertation de ce mardi 4 avril concernant l’enquête publique pour le réaménagement de cinq de ses rues l’a bien rappelé : la faiblesse apparente de l’encadrement des dispositifs participatifs et le manque de prise en compte des besoins du quartier a laissé place à un mouvement contestataire des plus méfiants envers pratiquement toutes les options de réaménagement proposées.

Jamais évident non plus, pour l’ARAU, dans un tel contexte, de soutenir les politiques de rénovation urbaine et de diminution de la pression automobile tout en rappelant le fondement de son action urbaine : la nécessité d’un contrôle des habitants sur le devenir de leur ville.

Et pourtant, après avoir rappelé son soutien à la diminution globale du stationnement, aux objectifs des mailles apaisées, à la meilleure prise en compte des usagers faibles et de la mobilité active, aux commerces locaux, etc. l’ARAU est intervenu en commission de concertation en rattachant son avis, critique, à une citation bien connue de l’un de ses fondateurs, Jacques Van der Biest, Le curé des Marolles : « La rue est le salon du pauvre »… pour la compléter un peu : « elle en constitue aussi son patrimoine vivant ! ».

Car, au-delà d’une ambition d’un projet participatif qui a visiblement échoué, c’est aussi et surtout là que le bât blesse, d’un point de vue urbanistique : l’absence de considération du patrimoine viaire et de l’histoire des Marolles.

Eviter le lissage du patrimoine et de la participation 

Malgré le peu de répondant des membres de la Commission de concertation et l’absence remarquée de sa présidente, l’échevine de l’urbanisme, il apparaît illusoire et peu sérieux de faire avancer ce projet sans partir sur de nouvelles bases intégrant mieux le savoir et les attentes des habitants d’une part, et l’avis de la Commission Royale des Monuments et des Sites, d’autre part.

La participation présentée à la presse comme exemplaire (« Ce réaménagement est le fruit de nombreuses réunions avec les actrices et acteurs du quartier, qui ont construit ce projet main dans la main avec les services de la Ville de Bruxelles » ) a surtout fait preuve de défaillances : court-circuitage des débats sur la mobilité, mauvaise intégration des enjeux patrimoniaux et historiques, lacunes dans les dispositifs de communication mis en place pour toucher les usagers du quartier.

À l’heure où toutes les communes s’interrogent sur leur méthode de participation dans le cadre de projets de mobilité ou d’espaces publics, la Ville de Bruxelles doit à son tour reconnaître que ce dernier projet a montré des limites en termes urbanistiques et de débat public. Elle ne peut entretenir la confusion actuelle entre les enjeux liés au plan de mobilité et ceux découlant du contrat de rénovation urbaine : habitants et commerçants se perdent dans les diverses motivations présidant aux réaménagements proposés, et il serait dommage de ne pas reconnaître la complexité actuelle, au risque de faire accroître une tendance réactionnaire envers tout changement !

Dans le cadre de l’enquête publique sur le contrat de quartier, en 2018, était déjà relevée une posture condescendante des autorités, à éviter : « ce « mépris pour les dynamiques locales » est « un message extrêmement négatif qu’envoient les pouvoirs publics aux associations et aux habitants. Il est temps de mobiliser les connaissances et compétences des habitants, commerçants, comités et associations… comme l’écrivait un jeune chercheur très récemment, « le quartier des Marolles a encore beaucoup à nous apprendre » !

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