Un demi-métro 3 entre Albert et la gare du Nord ?

Un demi-métro 3 entre Albert et la gare du Nord ?

« Métro 3 : une demi-ligne Albert-Nord pas viable à long terme ». C’est dans ces termes que s’est récemment exprimé le directeur de la STIB, Brieuc de Meeûs, dans le journal l’Echo : « Il manque un dépôt en bout de ligne. Il y aura des manœuvres à effectuer de nuit pour injecter le matériel roulant. On peut le faire un certain temps, mais pas à long terme. ». Sans nouveau dépôt, la « métroïsation » du tunnel de prémétro existant, entre Albert et la gare du Nord, ne pourrait donc être pérennisée. Problème : ce nouveau dépôt est prévu à Haren, soit au bout de la ligne de la partie nord du métro 3 : une extension que l’explosion continue des coûts rend de plus en plus incertaine, à tel point que l’administration en charge, Beliris, a proposé la « suspension » du projet.

Face à l’augmentation vertigineuse du coût estimé du projet de métro 3 (la ministre de la mobilité, Elke Van den Brandt, parle aujourd’hui de 4,4 milliards d’euros !), l’hypothèse de ne réaliser que la première partie du projet, à savoir la « métroïsation » du tunnel de prémétro existant entre Albert et la gare du Nord, pourrait paraître comme un « bon compromis » aux yeux de certains. Il n’en est rien ! Outre le problème de dépôt évoqué par Brieuc de Meeûs, une « métroïsation » du prémétro entrainerait en effet une dégradation du service pour les usagers en leur imposant des correspondances supplémentaires (c’est déjà le cas pour les usagers du tram 51, ligne qui a dû être saucissonnée suite aux travaux au niveau de la station Albert) et une baisse des fréquences entre Albert et la gare du Nord. Pour réaliser cette « métroïsation » une solution pour le tunnel sous le Palais du Midi (un chantier à l’arrêt depuis plus d’un an) doit être trouvée : l’option qui tiendrait la corde serait celle de la démolition du Palais du Midi, ce qui reviendrait à achever un quartier qui peine à survivre depuis le début des travaux il y a 4 ans.

Par ses déclarations, Brieuc de Meeûs tente de forcer la main à la Région : il faut ce dépôt (et donc l’extension jusqu’à Haren) pour garantir la « métroïsation » de l’axe Albert – gare du Nord, « métroïsation » elle-même présentée comme inéluctable sous prétexte que les travaux ont commencé. Or, cette « métroïsation » n’a absolument rien d’irréversible : depuis le début des travaux à Albert, au niveau de la station Toots Thielemans et de la gare du Nord, le prémétro (trams 3 et 4, mais plus le 51) continue de circuler comme à l’accoutumé… Au lieu d’accompagner la STIB dans sa « logique » de fuite en avant, la Région doit opérer un freinage d’urgence et choisir une autre voie, celle du Prémétro +, une alternative soutenue par 21 comités et associations qui consiste à exploiter au mieux les infrastructures existantes pour rendre un meilleur service aux usagers… sans ruiner Bruxelles !