La seconde mouture du projet porté par Sibelga, place Masui, préserve cette fois 4 des 5 maisons concernées : un énorme progrès en comparaison avec les premiers plans, qui projetaient de de démolir purement et simplement la totalité de cet ensemble néoclassique !
En 2021, l’ARAU alertait sur le danger que constituait un tel projet pour le patrimoine néoclassique, trop souvent banalisé par les promoteurs, qui plus est dans les quartiers denses et fragiles : la place Masui, trop peu connue malheureusement, présente encore une grande cohérence stylistique qu’il convient de préserver. L’ARAU mettait aussi en avant, une fois de plus, le non-sens environnemental des opérations des opérations de démolition-reconstruction, dont il est depuis longtemps prouvé que leur bilan carbone est désastreux. C’est en ce sens que nous nous étions exprimés lors de la séance de la Commission de Concertation, laquelle avait remis un avis défavorable sur le dossier.
Les plans ont été revus, une seconde enquête a eu lieu cette année et, la semaine dernière, la Commission de Concertation a remis un avis positif sur le projet, moyennant quelques conditions. À noter : l’avis est plutôt clair sur l’importance de la cohérence stylistique et sur la valeur de la place comme ensemble néoclassique :
- 4 des 5 maisons sont préservées et rénovées, façade comprise (maintien des entrées individuelles, mise en valeur des entrées cochères, restauration des parements et des coloris + remise aux proportions initiales des baies) ;
- La 5e maison sera reconstruite de manière à s’accorder avec ses voisines : l’avis de la CC reconnait en effet que « cette maison participe principalement à la valeur d’ensemble de la place Masui, majoritairement constituée d’immeubles de style néo-classiques et le la reconstruction dans un style identique à celui de la façade existante garanti la cohérence esthétique et stylistique de l’ensemble » (avis de la CC, p. 10)
- Les façades seront préservées et les bâtiments agrandis en façade arrière afin de pouvoir y aménager des logements plus grands.
- Certains des décors d’origine (moulures, escaliers, cheminées, etc.) sont conservés et rénovés ;
- L’intérieur d’îlot est réaménagé et comportera des jardins privatifs ainsi qu’un jardin commun.
La vigilance des associations sur les enquêtes publiques porte ses fruits : la preuve ici ! Le nouveau projet prend mieux en compte le patrimoine néoclassique et l’harmonie de la place, mais aussi les enjeux environnementaux : démolir pour reconstruire, c’est toujours un non-sens écologique.
Cette décision doit servir d’exemple et devenir la norme pour les autorités : la démolition doit devenir l’exception, et la rénovation la règle ! Et le « croissant pauvre », autant que le reste de la Région, mérite de conserver son patrimoine néoclassique !