Realex : tertiarisation et bétonisation contre l’urbanité

Realex : tertiarisation et bétonisation contre l’urbanité

Un « gros cube » de 55 m de haut, occupant plus de 60% de la parcelle et contenant plus de 96 % de bureaux (44.721 m²) et aucun logement : si le but était de rendre le quartier européen encore plus inhabitable, Realex serait le projet parfait ! Si elle venait à accorder un permis à Atenor, la Région commettrait non seulement un acte contraire à ses propres objectifs mais elle ferait surtout preuve d’un total mépris envers les habitants qui luttent depuis des décennies pour rendre leur quartier plus vivable. La seule option acceptable est de refuser cette demande de permis.

Le programme du projet Realex se déploie sur 46.260 m² se déclinant de la façon suivante :

  • 18.771 m² de bureaux
  • 25.950 m² de centre de conférences (assimilés à des bureaux du point de vue de l’urbanisme)
  • 936 m² d’équipements
  • 603 m² de commerces

Ce programme se matérialise sous la forme d’un « gros cube », occupant plus de 60 % de la parcelle. La majeure partie de l’espace non bâti est un « pocket park », situé entre le projet et la tour The One, le reste des espaces libres de constructions étant constitué de zones de retrait par rapport aux voiries et aux constructions situées à l’ouest du projet. Les formes urbaines du projet (hauteur, implantation) doivent être fondamentalement revues pour se raccorder au bâti existant à l’ouest du projet. Pour des raisons écologiques (éviter une opération de démolition-reconstruction synonyme d’émissions conséquentes de CO2), le bâtiment de bureaux présent sur le site (dit bâtiment VDAB, rue de la Loi 93-97) doit être maintenu et réhabilité ; toute nouvelle construction ne devra pas dépasser sa hauteur, déjà généreuse. Idem du côté de la rue Jacques de Lalaing où le bâtiment « ARD », voisin du projet, doit servir de référence maximale. Il s’agit de respecter l’échelle du quartier et, de manière plus générale, de respecter l’échelle humaine : c’est une condition sine qua non pour (re)faire du quartier européen un quartier habitable et habité.

Atenor ne partage pas la vision partagée

Suite à l’abandon du projet de PAD, la Région a planché sur des « lignes directrices » pour le quartier européen. Ce travail a abouti à la « vision partagée », déclinée dans un « cahier de vision » et un « cahier de recommandations ». Un des objectifs majeurs de cette « vision partagée » est la réintroduction de logements dans le quartier européen, ce à quoi Realex ne contribue aucunement. L’étude d’incidences ne peut que l’acter : « En faisant le choix de répondre exclusivement à des besoins du secteur économique tertiaire dans un quartier déjà dominé par la fonction administrative, le présent projet ne contribue pas à répondre à l’actuel besoin de logement dans la zone. » (EIE, p. 565) Mais, curieusement, l’étude d’incidences trouve une « parade » dans la phrase qui suit immédiatement : « Mais à l’échelle du quartier et de l’îlot, il est évident que l’absence de logement dans le projet Realex ne constitue pas un frein au développement de la mixité dans la transformation future du Quartier européen, selon les principes de la Vision partagée du Gouvernement. » En gros, Realex ne propose pas de logements mais n’empêche pas d’en faire ailleurs (encore heureux !). Il n’est pas acceptable qu’Atenor tente ainsi de se défausser : la production de logements (en particulier de logements abordables) est essentielle dans le quartier européen. Chaque opportunité doit être saisie, faute de quoi les promoteurs immobiliers auront toujours beau jeu de reporter cette « charge » : sur qui ? où ? quand ?

Un espace public apaisé et verdurisé, des logements abordables et des équipements publics, des bâtiments à échelle humaine : les ingrédients de base de l’habitabilité

L’ARAU a produit (et continue de produire) de nombreuses analyses critiques, tant sur les projets de plans que sur les projets immobiliers qui se succèdent dans le quartier européen. Ces analyses visent non seulement à dénoncer les défauts rédhibitoires de ces plans et projets mais aussi à rappeler, même si ce sont bien souvent des évidences, les principes à suivre pour garantir l’habitabilité de la ville (mixité fonctionnelle et sociale, environnement sain, bâtiments et espaces publics à échelle humaine). Il est heureux de constater qu’ils sont aujourd’hui admis par les autorités publiques, preuve que le travail de longue haleine des habitants et des associations n’est pas vain. Encore faut-il que ces principes soient traduits dans la réalité du quartier européen, et pas seulement cantonnés aux pages de la « vision partagée » ; faute d’instrument réglementaire spécifique, c’est uniquement au niveau des demandes de permis que la Région doit s’assurer que les principes garantissant l’habitabilité sont bien appliqués. Atenor ne répond à aucun de ces principes, si ce n’est par la création d’un équipement qui représente… 2 % du projet. Realex doit donc être fondamentalement revu, tant dans sa forme urbaine que dans son programme. Pour le dire succinctement et clairement : ce terrain doit accueillir des logements (abordables !) dans des bâtiments à échelle humaine tout en maintenant un maximum d’espaces végétalisés. Si elle venait à accorder un permis à Atenor, la Région commettrait non seulement un acte contraire à ses propres objectifs mais elle ferait surtout preuve d’un total mépris envers les habitants qui luttent depuis des décennies pour rendre leur quartier plus vivable.

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