La Région, qui reconnait pourtant la valeur des bâtiments, a refusé d’entamer la procédure de classement, introduite par l’ARAU en mai 2020. Ce faisant, le gouvernement se défausse de sa responsabilité et s’en remet au « bon vouloir » du propriétaire privé, Belfius Insurance, pour garantir l’intégrité et la pérennité de cet ensemble remarquable.
En septembre 2021, le secrétaire d’Etat en charge du patrimoine, Pascal Smet, avait annoncé le « sauvetage » de l’ensemble rue du Marais – rue des Sables. L’ARAU s’était réjoui de cette nouvelle mais n’avait pas pour autant retiré sa demande de classement, introduite en mai 2020 suite à un important travail de recherches historiques menées avec un groupe d’habitants. Malgré les bonnes intentions affichées par le secrétaire d’Etat et par le nouveau propriétaire, qui a déclaré vouloir veiller au respect de la valeur architecturale et patrimoniale des bâtiments, seul un classement « en bonne et due forme » est en effet à même d’assurer l’intégrité et la pérennité de cet ensemble remarquable. Las, fin novembre nous avons été notifiés que le gouvernement régional avait décidé, par un arrêté du 10 novembre, de ne pas entamer la procédure de classement.
Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails de la motivation cet arrêté, truffé d’incohérences, pour mettre en évidence la contradiction entre les discours et les actes. D’une part, Pascal Smet annonce fièrement avoir réussi à éviter la démolition des bâtiments, d’autre part il refuse, avec l’aval de l’ensemble du gouvernement, de prendre les mesures permettant de garantir le maintien d’un patrimoine qu’il qualifie pourtant de « majestueux » (à propos du bâtiment de Paul Saintenoy rue des Sables)…
Des paroles… mais toujours pas d’actes
Depuis les annonces de septembre 2021, on attend toujours de connaître le projet précis de Belfius Insurance. En l’absence de classement des bâtiments, il faudra s’en remettre aux conditions du futur permis : rien ne garantit que celles-ci iront dans le sens du maintien de l’intégrité de l’ensemble rue du Marais – rue des Sables. Si Belfius est une institution reconnue pour son intérêt à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine (notamment à travers sa collection d’œuvres d’art), on pouvait penser la même chose de l’ancien propriétaire, la KU Leuven, qui n’avait pourtant pas hésité à demander un permis, qu’elle avait obtenu, pour raser cet ensemble…
Par ailleurs, quid en cas de revente des bâtiments par Belfius et/ou de changement d’orientation politique ? Que vaudraient encore les promesses dans ce cas de figure ?
En décidant de rejeter la demande de classement, le gouvernement régional se prive d’une de ses prérogatives et ouvre la porte à de possibles atteintes au patrimoine bruxellois. L’ARAU ne laissera rien passer et continuera son combat, entamé il y a maintenant plus de 9 ans, contre tout acte qui menacerait ces remarquables bâtiments.